La guêpe du futur pour la lutte biologique en milieu paysan

Sac de lâcher de Habrobracon hebetor en milieu paysan au Niger
© Garba M. DGPV, Capture d’écran

Habrobracon hebetor : la guêpe du futur pour la lutte biologique contre les ennemis des cultures en milieu paysan

Qu’est-ce que Habrobracon hebetor

Habrobracon hebetor est une petite guêpe parasitoïde (environ 4 mm) de la famille des Braconidae utilisée dans la lutte biologique contre plusieurs espèces de lépidoptères (papillons). C’est un ectoparasite larvaire c’est-à-dire un organisme qui se nourrit sur le tégument (tissu qui recouvre le corps des insectes) de l’hôte. Ce sont les « larves » de la guêpe qui se nourrissent des chenilles jusqu’à achever leur stade de développement larvaire. A l’émergence la petite guêpe adulte qui mesure 4 cm de long sort d’un petit cocon blanchâtre.

Habrabracon et lutte biologique contre la mineuse de l’épi de mil

H. hebetor est une espèce qui est largement repartie dans le monde notamment en Afrique, en Amérique, en Asie et en Europe. Une femelle peut pondre jusqu’à 180 œufs au cours de sa vie. La durée de vie de l’insecte est très courte et de nouveaux individus peuvent apparaître en une semaine. Au Niger, H. hebetor est principalement utilisée dans la lutte contre la chenille mineuse de l’épi de mil (Heliocheilus albipunctella), un plus des importants ravageurs du mil. Ce ravageur redoutable très connu des producteurs de mil peut causer des dégâts importants pouvant aller jusqu’à la perte totale des cultures.

Galerie de la mineuse de l'épi (Heliocheilus albipunctella)
© Salifou Aminou, CSAN Niger

Mode opératoire de la guêpe

En présence de la mineuse de l’épi, la première action de la guêpe est d’anesthésier sa proie en lui infectant un poison. Ensuite, elle pond des œufs sur l’hôte. Après l’éclosion, les jeunes larves s’accrochent au tégument et s’en nourrissant. Ainsi, elles consomment la chair de leur proie et la vidant complètement de son contenu. Au fur et à mesure qu’elle grandisse, la larve de la guêpe tisse un cocon dans lequel elle s’entoure pour passer au stade pupe en se momifiant. Après quelques jours, on voit émerger des adultes qui s’accouplent et pondent des œufs sur les chenilles. La durée totale du cycle sur la chenille varie entre 8 à 12 jours et de nouveaux invendus peuvent apparaître en une semaine. Ceci fait d’Habrabracon hebetor un agent de lutte biologique efficace dans la lutte contre la mineuse de l’épi.

Habrobracon hebetor parasitant une larve
© Garba M. DGPV, Capture d’écran

Méthode simple et efficace en milieu paysan

La production de masse des guêpes se fait au laboratoire dans des petites boîtes. Après l’émergence, les adultes sont laissés pendant 24 heures pour l’accouplement. Ensuite, ils sont transférés dans d’autres endroits, en présence des chenilles, pour le parasitisme. Avant le lâcher, les individus doivent passer par une période d’incubation de 48 heures, leur permettant de pondre sur toutes les chenilles. Enfin, la guêpe est conditionnée dans des petits sacs de 15 à 20 cm qui sont fournis aux agriculteurs qui les installent dans leur champ à l’abri des intempéries. Chaque sac contient 50 à 100 g de mil, 2 femelles de la guêpe et 25 chenilles de Corcyra cephalonica. Cette dernière est utilisée comme hôte de substitution ou alternatif dans laquelle les larves de H hebetor se développent.

Au niveau du village, après une séance de formation et de sensibilisation, les sacs de lâcher sont confiés aux paysans. Une fois placé dans le champ, un sac peut libérer environ 200 parasitoïdes adultes durant une période de deux semaines. Les jeunes guêpes adultes qui émergent vont se rependre dans le champ de mil pour parasiter les chenilles de la mineuse de l’épi.

La particularité de cet insecte indigène, bien adapté aux conditions climatiques nigériennes, est qu’il peut être présent (disponible) durant toute l’année.

Planning familial chez Habrobracon hebetor

Après l’accouplement, la chenille rode autour de la chenille immobilisée. Elle l’attaque pour mesurer la quantité de nourriture en fonction du nombre de l’œuf à pondre, une façon de d’assurer un bon fitness à sa progéniture.

Une méthode de lutte biologique prometteuse importée dans beaucoup de pays dans le monde

Le contrôle biologique des lépidoptères à travers l’utilisation de la petite guêpe est de nos jours largement rependu dans le monde. Cette nouvelle technologie de lutte alternative aux pesticides chimiques et respectueuse de la santé des consommateurs et de l’environnement est exportée dans plusieurs pays de la sous-région (Burkina Faso, Mali, Nigeria, Sénégal) au vue de son efficacité en milieu paysan. En Iran, la petite guêpe est utilisée dans la lutte contre la pyrale des dattes.

Perspectives dans l’utilisation de Habrobracon hebetor

L’utilisation de H. hebetor pour lutter contre la noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera), et la mineuse de la tomate (Tuta absoluta) est en cours d’essai par des chercheurs au Niger. Pour une meilleure compréhension des interactions entre la guêpe et la mineuse de l’épi, 26 microsatellites ont été développés. Cet important arsenal moléculaire très promoteur est un outil incontournable dans l’étude de la génétique des populations de plusieurs espèces de Braconidae utilisées en biologique contre les lépidoptères ravageurs des cultures.

Vidéo réalisée par Garba Madougou, Direction Générale de la Protection des Végétaux, Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage

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