La liste des pesticides autorisés par le CSP (Comité Sahélien des Pesticides) — version novembre 2019 contient les produits phytopharmaceutiques homologués dans 13 pays membres du CILSS (Comité permanent Inter-Etats de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel). A cette date, c’est la dernière mise à jour de la liste publiée chaque année par le CSP.
La liste comprend 470 produits phytopharmaceutiques (pesticides utilisés dans l’agriculture) et biocides autorisés dans les pays membres du CILSS, soit une augmentation d’environ 8% par rapport à celle de novembre 2018.
Un atlas des insectes pour dénoncer l’utilisation des pesticides
Plus de 40% des espèces d’insectes sont en déclin dans le monde à cause de l’agriculture industrielle et de la forte application des pesticides de synthèse et cela constitue une sérieuse menace sur la sécurité alimentaire, déplorent un consortium d’ONGs — Friends of the Earth Europe et l’institut Heinrich Böll.
Les insectes maintiennent l’équilibre écosystémique de la planète et assurent notre production alimentaire. Ces organisations publient un Atlas des Insectes dénonçant l’utilisation des pesticides.
Plan de Gestion des Pestes et Pesticides – Projet PRECIS
Le présent Plan de Gestion des Pestes et des Pesticides (PGPP) est élaboré dans le cadre du Projet de renforcement de la Résilience des Communautés Rurales à l’Insécurité Alimentaire et Nutritionnelle au Niger (PRECIS) ; Les zones cibles du projet sont 186 communes dans les régions de Maradi, Tahoua, Zinder et Dosso.
Législation au Niger
Législation dans les secteurs de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Niger
Au Niger il existe deux principaux cadres législatifs qui régissent les secteurs de la sécurité alimentaire et nutritionnelle : la législation sous régionale et la législation nationale.
A l’échelle régionale ou communautaire ce sont notamment les règlements et les directives qui sont prises. Ainsi, les principales institutions habilitées sont la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) et le CILSS (Comité permanent Inter-Etast de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel).
Au niveau national ce sont la Constitution, les lois, les décrets présidentiels, les ordonnances (ou loi d’habilitation), les arrêtés ou les décisions qui sont élaborés.
Liste des pesticides interdits au Niger
Le Ministère de l’Agriculture et de l’élevage à travers la Direction Générale de la Protection des Végétaux (DGPV) a dressé, à travers l’Arrêté n° 177/MAG/EL/DGPV du 26 octobre 2016, la listes des pesticides interdits sur l’ensemble du territoire nigérien.
Ce document présente la liste des pesticides interdits au Niger, un pesticide étant un mélange de plusieurs substances notamment les « coformulants » et une ou plusieurs « matières actives ». A vrai dire, ce sont les matières actives qui sont visées par l’arrêté ministériel.
Qu’est-ce qu’une matière active
Une matière active est une molécule (d’origine naturelle ou synthétique) qui détruit ou repousse l’organisme cible (insecte, acarien, champignon, bactérie ou mauvaise herbe). La listes des pesticides interdits au Niger contient 24 matières actives. Cela veut dire que tous les pesticides contenant ces différentes matières actives sont systématiquement interdits de tous usage sur le territoire national sous peine de sanctions, conformément à la loi n° 2015-35 du 26 mai 2015 relative à la protection des végétaux.
Les pesticides interdits de toute circulation et d’utilisation sur le territoire de la République du Niger sont ceux qui contiennent les matières actives suivantes :
Les pesticides interdits par la Convention de Stockholm sur les Polluants Organiques Persistants (ou POPs)
Il s’agit des matières actives suivantes :
- l’Aldrine ;
- l’alpha Hexachlorocyclohexane ;
- le béta Hexachlorocyclohexane ;
- le Chlordane ;
- le Chlordécone ;
- Le DDT ;
- la Dieldrine ;
- l’Endrine ;
- l’Heptachlore ;
- l’hexachlorobenzène (HCB) ;
- le Lindane ;
- le Mirex ;
- la Toxaphène.
Les formulations contenant les matières actives suivantes interdites par le Comité Sahélien des Pesticides (CSP)
Ce sont les matières suivantes :
- l’Acétochlore ;
- l’Atrazine ;
- le Carbofuran ;
- le Carbosulfan ;
- l’Endosulfan ;
- le Fipronil ;
- l’Hexazinone ;
- le Methamidophos ;
- le Monocrotophos ;
- le Paraquat ;
- le Triazophos.
Le présent Arrêté a été pris en application de l’article 20 du Décret n° 2016-303/PRN/MAG/EL du 29 juin 2016, portant modalités d’application de la Loi n° 2015-35. Il fixe la liste des pesticides interdits de toute circulation et d’utilisation sur le territoire de la République du Niger.
Alerte Du fipronil présent au Niger
Scope
Le fipronil est un pesticide à large spectre utilisé pour combattre les insectes et les acariens. Il agit sur l’insecte en perturbant son système nerveux en bloquant les canaux chlorures dépendant du GABA (acide gamma-aminobutyrique en français) et du Glutamate qui régulent le passage des ions chlorures dans la cellule. Ceci provoque une hyperexcitation des systèmes nerveux et musculaire de l’insecte intoxiqué qui meurt par crampes musculaires.
L’usage du fipronil sur les cultures et les animaux destinés à l’alimentation est interdit ou limité dans beaucoup de pays dans le monde notamment ceux de la zone CILSS (Comité permanent Inter-Etats de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel) et de l’Union Européenne. Malgré l’interdiction du fipronil depuis avril 2015 par le CSP (Comité Sahélien des Pesticides) à cause de sa toxicité, les pesticides contenant cette substance continuent de circuler sur le sol nigérien.
Qu’est-ce que le fipronil?
Le fipronil (C12H4Cl2F6N4OS) est une matière active qui appartient à la famille des Phénylpyrazoles. Il tue les insectes qui le mange ou qui entre en contact avec lui. Cette substance agit par contact ou ingestion sur les insectes et les acariens ravageurs des cultures et sur les parasites des animaux de compagnies (chiens et des chats).
Le fipronil a été mis au point par la société Rhône Poulenc à la fin des années 1980 mais sa commercialisation a commencé à partir de 1993. Aujourd’hui c’est le géant allemand de la chimie BASF qui détient le brevet pour la commercialisation du produit en Europe.
Utilisation dans d’autres pays du monde
Le fipronil est utilisée pour combattre les insectes et les acariens en agriculture, élevage, dans le traitement des semences et du sol ainsi que pour utilisation domestique.
En agriculture, il est utilisé pour combattre les criquets, les thrips, les lépidoptères et les coléoptères. Il est aussi appliqué pour les traitements des semences et du sol (contre les termites). Le fipronil est également utilisé dans le domaine vétérinaire dans de nombreux produits antiparasitaires pour les animaux (anti-puces et anti-tiques pour chiens et chats) et pour usage domestique contre les termites, les fourmis et les cafards. Les pesticides contenant la matière active fipronil continuent d’être commercialisés sous plusieurs noms dans plusieurs pays dans le monde.
Accusé de provoquer la mortalité des abeille, les organisme aquatiques comme les poissons et certains oiseaux, l’usage du fipronil est limité ou interdit sur les cultures et les animaux destinés à l’alimentation humaine dans beaucoup de pays notamment ceux de la zone CILSS (Décision n° 006/MAE-MC/2015) et de l’Union européenne dont la France (depuis 2005). Toutefois, il reste autorisé pour usage limité dans des pays comme la Belgique et les Pays-Bas, ainsi que de nombreux autres pays dans le monde, dont les Etats-Unis pour usages vétérinaires ou comme insecticide dans le traitement des semences.
Malgré les restrictions, ce produit reste utilisé dans certains pays pour lutter contre le pou rouge dans les élevages de la volaille. C’est ce qui est à la base de la récente crise des œufs contaminés qui est apparue en Europe en août 2017.
Le fipronil est-il présent au Niger ?
Avant son interdiction dans les pays de la zone CILSS (le Niger compris), le fipronil est principalement utilisé dans lutte anti acridienne. Malgré l’interdiction par le CSP, les produits contenant cette matière active continus d’être utilisés au Niger. Ainsi, le fipronil est commercialisé sous la marque Fipro Force®, fabriquée par une société nigériane (République Fédérale du Nigéria) du nom de JUBAILI AGROTECH.
Cette société présente le pesticide comme un produit miracle capable de tuer tous les insectes. Ainsi selon les prescriptions sur l’étiquette, le produit peut être utilisé contre presque tous les insectes ravageurs des cultures maraichères (tomate, oignon, choux, …), des cultures pluviales (mil, sorgho, maïs, coton, riz, …), en arboriculture (agrumes, café, …) et pour le traitement du sol contre les termites.
Doit-on s’inquiéter de la présence du fipronil dans nos aliments ?
L’OMS classe le fipronil parmi les pesticides modérément dangereux pour l’homme. Il n’a pas d’effet cancérogène prouvé, mais le produit peut provoquer, à des doses élevées, des troubles neurologiques et des vomissements, surtout en cas d’ingestion volontaire. Ainsi, une exposition à une dose très faible ne devrait pas être nocive. En dehors de ces cas, les effets produits ne surviennent qu’en cas d’exposition répétée, ce qui est normal. Dans tous les cas, les effets ne durent pas longtemps parce que la substance est rapidement éliminée donc elle ne s’accumule pas au fil du temps dans l’organisme humain. En outre, les effets du fipronil sont généralement transitoires c’est-à-dire réversibles.
Ainsi, il n’y pas d’éléments indiquant que l’exposition au fipronil constituait un risque pour la santé humaine dans les conditions préconisées d’emploi. L’union européenne estime qu’il n’y a aucun risque pour le consommateur qui ingère moins de 0,009 mg/kg au cours d’un repas ou d’une journée. Cela équivaut à 0,54 mg pour une personne pesant 60 kg, soit environ huit des œufs présentant la plus forte concentration (< 1,2 mg/kg).
Dans le cas de la crise des œufs contaminés, le risque d’empoisonnement est très faible, au vu des concentrations retrouvées dans les œufs. De ce fait, le retrait des œufs des marchés n’est qu’un principe de précaution destiné à rassurer les consommateurs sur la sureté de leur alimentation plutôt que pour protéger leur santé.
Questions à se poser sur l’interdiction du fipronil
(i) Le produit est-il vraiment toxique quand on l’utilise à faible dose dans les conditions recommandées ?
(ii) Les données toxicologiques fournies par CSP sont-elles suffisantes pour interdire le produit surtout quand on sait que le fipronil se dégrade rapidement et il ne s’accumule ni dans l’organisme humain ni dans les eaux souterraines et encore moins dans le sol ?
(iii) L’une des questions qui méritait encore d’être posée, c’est pourquoi le CSP a interdit toute utilisation de ce produit dans les Etats membres du CILSS alors que l’usage de la substance n’est que limité dans certains pays y compris ceux de l’UE et aux USA ?
(iv) La gamme de produits de substitution dont parlait le CSP est-elle suffisante et uniformément bien répartie dans les Etats membres ? Difficile à répondre dans les conditions nigériennes.
Il faut noter que les produits alternatifs mentionnés dans l’Annexe à la décision d’interdiction du fipronil par le CILSS sont pour la plupart des organophosphorés et des pyréthrinoïdes, des substances qui sont utilisées depuis longtemps et les insectes en ont développés des résistances.
Simple avis, à vous de juger…
Rédigé par Salifou Aminou, CSAN Niger/Bioengineering and Agri-Business Consulting