Acariens

Qu’est-ce qu’un acarien

Les acariens sont des arachnides généralement de petits taille qui attaquent les cultures, l’homme ou les animaux. Comme tous les arthropodes, les acariens ont un corps articulé possédant un squelette externe (exosquelette) chitineux. Ils sont généralement de microscopiques et quelques micromètres (8 µ). Les plus grands peuvent avoir jusqu’à 1 à 2 cm de long. La morphologie des acariens est unique, en raison de la fusion des différentes parties du corps.

Ils se distinguent des autres arthropodes comme les insectes par plusieurs caractères :

  • quatre (4) paires de pattes notamment chez l’adulte ;
  • un corps composé de deux parties : céphalothorax (tête et thorax combinés) et de l’abdomen ;
  • pas d’antennes et pas d’ailes ;
  • des yeux simples ;
  • un céphalothorax fortement chitineux.

Distribution et diversité au sein des acariens

Les acariens sont cosmopolites (i.e. ils sont partout dans monde). Ces petites bêtes ont colonisé tous les habitats terrestres, y compris les eaux douces et les océans. On les trouve sur tous les continents en Afrique, Amérique, Asie, Europe et Océanie. Concernant les acariens phytophages, leur activité est plus importante pendant les périodes chaudes de l’année.

On estime qu’il y a environ 80.000 espèces d’acariens sur terre, mais ce nombre est loin d’être celui de la biodiversité réelle du groupe qui se situe probablement entre 500.000 à 1 million d’espèces. Parmi ces espèces certaines détritivores (ils se nourrissent de la matière organique) contribuant à la fertilisation du sol ou en décomposant les cellules mortes sur le corps humain. D’autres acariens sont phytophages et peuvent causer des dégâts sur les cultures. On connaît depuis un certain temps, la présence d’acariens cannibales. Ces derniers sont utilisés en lutte biologique pour combattre les acariens phytophages.

Classification des acariens

La classification des acariens est trop controversée. Certains acarologues considèrent les acariens comme une sous classe tandis que d’autres les considèrent comme un ordre. Les individus appartenant à la sous-classe des Acari (un taxon de la classe des Arachnida) comportent 6 ordres répartis dans 3 principaux super-ordres. Il s’agit notamment des :

  • Acariformes ou Actinotrichida ;
  • Le super-ordre des Acariformes est le groupe le plus diversifié. Il comporte 2 sous-ordres :
    • Trombidiformes incluant les plus importants acariens ravageurs des plantes (araignées rouges, les acariens à galles, les acariens à pattes rouges) ;
    • Sacariformes qui comportent en leur sein les Orbatidae.
  • Parasitiformes ou Anactinotrichida,

Ce groupe comporte surtout les acariens parasites de l’homme et les animaux. Il contient également les acariens de la famille des Phytoseiidae regroupant des espèces utilisées dans la lutte biologique.

  • Opilioacariformes considérées souvent comme un sous-groupe des Parasitiformes.Exemple de tétranyque tisserand :

Tableau 1: Classification de l’araignée rouge (Tetranycus urticae).

RoyaumeAnimalia
PhylumArthropoda
Sous-phylumChelicerata
ClasseArachnida
Sous-classeAcari
Super-OrdreAcariformes
OrderThrombidiformes
Sous-ordreProstigmata
FamillesTetranychidae
GenreTetranycus
Nom completTetranycus urtica (Koch 1836)
Nom ordinaireHausa : Gizo gizon tumati, Jan taw taw, Jan kwaro
Autres nomsFrançais : araignée rouge du cotonnier; l'acarien jaune commun; tétranyque à deux points; tétranyque à deux points; tétranyque commun, tétranyque tisserand.
English : two spotted mite; twospotted spider mite, glasshouse red spider mite; greenhouse red spider mite.

Le nom scientifique de cette espèce d’acarien est Tetranycus urticae. Cet acarien cosmopolite et qui cause d’importants dégâts sur les cultures est également présent au Niger et dans toute la zone tropicale. Des noms vernaculaires lui sont aussi attribués et cela diffèrent d’un pays à l’autre ou d’une localité à l’autre (Tableau 1).

Comme tous les êtres vivants, les noms des acariens sont désignés par deux mots latinisés (binôme linnéen). Le premier, le nom de genre, porte une majuscule et le second nom, sans majuscule, est le nom de l’espèce. Les deux noms doivent être en italiques ou soulignés.

L’impact des acariens sur nous

Les acariens s’attaquent aussi bien aux animaux qu’aux plantes. Ainsi, plusieurs espèces d’acariens (appelés souvent tiques) sont parasites pour l’homme et pour les animaux. C’est l’exemple des tiques, des puces qui sucent le sang. Certains acariens constituent une menace pour la sécurité alimentaire parce qu’ils s’attaquent aux insectes pollinisateurs (abeilles).

Dans les champs (comme les insectes), les acariens sont également responsables des dégâts importants sur les cultures. Cependant, il y a des espèces d’acariens qui sont des prédateurs naturels (agent de lutte biologique) des acariens qui s’attaquent à nos cultures.

Il y a ici un besoin crucial de savoir quelles méthodes de lutte (par exemple le choix de pesticide adéquat) on doit utiliser pour ne pas nuire à cette catégorie d’acariens qui nous aident à combattre les acariens qui ravagent nos cultures.

Acariens ravageurs des plantes

Les acariens causent des dégâts énormes sur les cultures en s’attaquant directement aux plantes. Tous les acariens phytophages se nourrissent de la sève des plantes qu’ils sucent à travers leurs pièces buccales. C’est type de dommage est appelé « dégât direct ».

Bien qu’ils soient connus pour leurs actions dévastatrices par succion de la sève, on connaît récemment que certaines espèces d’acariens sont aussi impliquées dans la transmission des virus. Les acariens transmettant des virus appartiennent aux genres Aceria, Cecidophyopsis, Brevipalpus, Phytoptus, et Phyllocoptes.

Les acariens ayant une importance agronomique se rencontrent principalement autour 5 grandes familles :

  • Tetranychidae ou les vrais acariens rouges ;
  • Tarsonemidae communément appelés tarsonèmes ;
  • Eriophyidae, regroupant les acariens qui provoquent des galles chez les plantes ;
  • Tenuipalpidae, ou faux acariens tisserands ;
  • Phytoseiida, comportant pour l’essentiel des acariens prédateurs.

Acariens comme agents de lutte biologique

Les acariens d’intérêt agronomiques ne sont tous dommageables pour les cultures. En effet, il existe des acariens prédateurs naturels qui se nourrissent d’autres espèces d’acariens ravageurs des cultures. C’est le cas des espèces appartenant aux familles des Phytoseiidae (ou phytoséïdes), Anystidae, Stigmaeidae. Des espèces de la famille des Phytoseiidae, qui comporte jusqu’à environ plus de 2000 espèces, sont utilisées dans la lutte biologique pour combattre les acariens rouges et les acariens jaunes.

Il est important dans un programme de lutte contre les acariens phytophages, de prendre en compte la présence des ennemis naturels, soit :

  • en favorisant la présence et l’activité des acariens prédateurs ;
  • ou en réalisant une lutte chimique raisonnée (en cas de nécessité d’un traitement chimique) épargnant les prédateurs.

Dégâts causés par les acariens

Sur les cultures, les acariens engendrent des dégâts énormes qui vont jusqu’à la perte totale de la production. Par exemple au Niger, les dégâts des acariens rouges peuvent persister même durant les périodes de fortes chaleurs (entre avril et juin) où les températures dépassent souvent les 40° C. en s’attaquant aux plantes, ils sucent le contenu cellulaire dont la chlorophylle et engendrent des jaunissements et des chloroses sur les feuilles. Les feuilles sont piquetées de points blancs et deviennent ternes (aubergine, arachide). Les feuilles peuvent aussi avoir un teinte bronze à brunâtre (tomate).

Certaines espèces d’acariens provoquent des enroulements, des déformations des feuilles. C’est le cas de l’espèce Eriopyes vitis qui provoque l’érionose sur la vigne (déformation des feuilles). Les acariens sont aussi responsables de dessèchement et la chute des feuilles, l’avortement des fleurs ainsi que l’apparition des taches liégeuses et crevassées sur les fruits (poivron, aubergine, concombre). Les acariens de la famille des Tetranychidae tissent des toiles comme celles des araignées.A cause leur biologie et de leur comportement, les acariens sont difficiles à contrôler. Ils ont un cycle de vie très court (jusqu’à 30 générations par an dans les pays tropicaux). En plus, ils sont trop polyphages car ils possèdent plusieurs plantes hôtes cultivées et sauvages (le tétranyque tisserand peut s’attaquer à plus de 900 espèces de plantes).

Stratégies de lutte contre les acariens

A cause leur biologie et de leur comportement, les acariens sont difficiles à contrôler. Ils ont un cycle de vie très court (jusqu’à 30 générations par an dans les pays tropicaux). En plus, ils sont trop polyphages car ils possèdent plusieurs plantes hôtes cultivées et sauvages (le tétranyque tisserand peut s’attaquer à plus de 900 espèces de plantes).

Ce phénomène a facilité le développement des résistances vis-à-vis de plusieurs matières actives. De ce fait, il est nécessaire d’adopter un schéma de lutte intégrée en combinant plusieurs méthodes (surveillance, bonnes pratiques agricoles, méthodes biologique et chimique) pour combattre effacement les acariens. Ce schéma retrace les différentes stratégies qui peuvent être adaptées, en fonction des conditions climatiques, de la localité ou des exigences en matière de la lutte phytosanitaire (lutte chimique) dans votre pays.

Stratégie I : Monitoring et Réduction des populations d’acariens

Il s’agit ici de l’inspection (monitoring) des parcelles pour détecter la présence des acariens. Ces derniers sont surtout présents sur la face inférieure des feuilles ou dans les toiles qu’ils tissent (surtout au niveau des parties apicales des plantes). Concernant les cultures maraîchères, le monitoring doit commencer depuis la pépinière. Dans tous les cas, il doit se poursuivre régulièrement du semis jusqu’à la récolte.

L’objectif visé à travers cette stratégie est de permettre d’évaluer les populations de nuisibles (détermination du seuil d’intervention) avant d’engager toute méthode de lutte susceptible de coûter de l’argent.

Stratégie II : Pratique culturale

Plusieurs méthodes de lutte culturale peuvent être appliquées pour combattre efficacement les acariens phytophages.

  • harmoniser la lutte avec ses voisins (champs environnants) ;
  • inspecter les parcelles régulièrement pour détecter les premiers foyers  d’infection puis effeuiller les feuilles attaquées ;
  • réaliser la rotation et/ou l’association culturale avec des plantes non hôtes ;
  • réduire la migration des individus par la formation des haies au tour des champs ;
  • appliquer un labour profond ou la solarisation pour détruire les formes de survie des acariens ;
  • produire des plants dans un abri insect-proof (sous une moustiquaire ou en utilisant un filet anti-insectes) ;
  • surveiller la qualité sanitaire des plants puis éliminer ceux qui présentent des signes suspects ;
  • assurer une fertilisation adéquate dans le champ ;
  • augmenter le taux d’humidité surtout en serre car les acariens n’aiment pas l’humidité (mais attention aux champignons) ;
  • en cas de fortes pullulations, traiter les plants avec des acaricides homologués avant de les arracher ;
  • ramasser, détruire ou brûler les feuilles et les fruits attaqués qui sont tombés sur sol ;
  • détruire les plantes adventices (ou mauvaises herbes).

Stratégie III : Lutte biologique par utilisation des ennemis naturels

Les acariens comportent plusieurs ennemis naturels ou prédateurs qui sont pour la plupart du dit groupe. Ainsi, les acariens prédateurs se trouvent principalement dans les familles de Phytoseiidae, Anystidae, Stigmaeidae. C’est le cas Phytoseiulus persimilis, un prédateur du tétranyque tisserand.

Cette technique consiste à faire des lâchés de préparations d’acariens prédateurs dans un champ. En consommant les acariens ravageurs, les prédateurs vont contribuer à la réduction de de leurs populations (Fig. 5). De nos jours, plusieurs sociétés commercialisent des préparations de cet acarien prédateur.

En plus, il existe parmi les insectes des prédateurs des acariens. Certaines espèces de thrips ou de chrysopes se nourrissent des acariens.

Stratégie IV : Lutte chimique et gestion de la résistance

La méthode la plus utilisée pour combattre les acariens demeure la lutte chimique. L’impact économique des dégâts causés sur les cultures conduit à une utilisation excessive d’acaricides par les producteurs. Ce phénomène n’est pas sans conséquence puisqu’il a engendré, presque partout dans le monde, l’apparition des résistances vis-à-vis de plusieurs familles de pesticides.

Les acariens ont développé des résistances à la plupart des organophosphorés, entrainant le retrait de leur usage acaricide dans beaucoup de pays de l’Union Européenne. En plus, la gamme de matières actives recommandées contre les acariens est restreinte contrairement aux insectes. Des pesticides contenant les matières actives comme l’Abamectine, l’Acrinathine, l’Etoxazole, le Fenazaquin ou l’Hexythiazox sont recommandées contre ces ravageurs.

Notons qu’un traitement chimique ne peut être efficace que s’il est appliqué en temps voulu (période d’activité de l’insecte), à la bonne dose, avec un volume de bouillie suffisant et un matériel de pulvérisation adapté à la culture.

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