La présente fiche portant sur la maladie du chancre bactérien des agrumes au Niger entre dans le cadre des activités de la Clinique des Plantes, mise en place par le cabinet Bioengineering and Agri-Business Consulting (BAC) pour aider les populations locales nigériennes à lutter efficacement contre les ennemis des cultures à travers des approches durables de gestion intégrée.
Communiqué de presse de l’ICRISAT sur le séquençage du génome du mil
Décryptage des secrets du mil : une percée scientifique majeure avec des chercheurs de l’ICRISAT au Niger
Le séquençage du génome du mil vient d’être réalisé par un consortium international d’institutions de recherches agronomiques comprenant l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) et d’autres centres basés en Chine et en France. Deux chercheurs de l’ICRISAT – Niger, Dr Tom Hash (retraité de nationalité américaine) et Dr Falalou Hamidou (de nationalité nigérienne) font partie de l’équipe internationale ayant décrypté le génome du mil. Les résultats de leurs travaux ont été publiés le 18 septembre 2017 dans la revue Nature Biotechnology http://ceg.icrisat.org/ipmgsc/.
Ces travaux ont permis à l’équipe de chercheurs de retracer l’origine de la domestication du mil datant de plus de 4500 ans aux frontières du Niger et du Mali. Ce décryptage du génome du mil constitue une ressource pour la recherche agronomique lui permettant une meilleure compréhension de la variation des caractères génétiques du mil.
Référence de l’article (accès libre en ligne)
Rajeev k. Varshney et al. Pearl millet genome sequence provides a resource to improve agronomic traits in arid environments, Nature Biotechnology, 18 Septembre 2017, https://www.nature.com/articles/nbt.3943
Alerte agroécologique : une chenille qui ravage les plants d’Acacia radiana dans la vallée de la Tarka au Niger
La vallée de la Tarka qui couvre une superficie de 47 998 km² est située au centre sud du Niger entre les régions d’Agadez, Zinder, Maradi et Tahoua. Elle s’étend principalement entre les départements d’Aderbissinat, Tanout, Belbédji, Dakoro, Guidan Roumdji jusqu’à Madaoua et la frontière avec le Nigeria. Cette zone qui possède un grand potentiel fourrager arbustif, représente un écosystème de repli qui assure, pendant les périodes de soudure en saison sèche, l’alimentation du cheptel venu du Niger, du Nigeria et du Mali. Malheureusement, cet espace vital pour des centaines de milliers d’animaux est aujourd’hui menacé par les attaques des chenilles d’un lépidoptère qui consomment toutes les feuilles d’Acacia radiana.
CSAN-Niger a rencontré Dr Haboubacar M. Manzo, Agroécologiste et Chercheur à l’Université de Tillabéri qui a investigué dans la zone et qui lance une alerte sur l’infestation de cet insecte qui menace la sécurité alimentaire et pastorale au Niger.
Composition floristique dans la vallée de la Tarka
La vallée de la Tarka est une zone qui est caractérisée par la prédominance de peuplement d’Acacia radiana, Balanites aegyptiaca, Ziziphus mauritiana et d’autres arbustes comme Bauhinia rufescens, Maerua crassifolia et Cassia tora. Cette flore constitue le fourrage aérien des ruminants venus du Niger et des pays comme le Nigeria et le Mali. En plus de cela, la vallée possède une importante diversité d’herbes fourragères composée de Cenchrus biflorus, Eragrostis tremula, Panicum laetum, Tephrosia linearis, Aristida mutabilus, Schoenelfeldia gracilis, Tribulus terrestris, Alysicarpus ovalifolius et plusieurs autres légumineuses fourragères.
Importance d’Acacia radiana et la menace qui pèse sur ses peuplements
Cette ressource endémique que représente acacia dans la vallée de la Tarka vient aussi à contribution dans l’alimentation du cheptel à travers son apport en complément alimentaire (gousses et feuilles). En outre, l’espèce Acacia radiana qui est une légumineuse, participe à la lutte contre la désertification et à la fertilisation du sol par la fixation de l’azote atmosphérique. Les peuplements d’acacia constituent également un abri refuge pour les animaux et les hommes, surtout en période de forte chaleur. C’est cet écosystème qui est, depuis quelques années, menacé par les larves d’un papillon qui s’attaquent à Acacia radiana dans cette zone.
Mode opératoire de l’insecte
Dans les villages attaqués l’insecte s’attaque principalement à l’espèce Acacia radiana. Ce sont les larves ou chenilles qui causent les dégâts en se nourrissant surtout des feuilles. L’adulte lui est un papillon qui se nourrit du nectar des fleurs. Ainsi, les larves provoquent des défoliations de l’arbre qui perd complètement ses feuilles. Au bout de quelques jours, les tiges prennent une couleur jaunâtre et on a l’impression souvent d’avoir à faire un arbre mort. La consommation des feuilles et des fleurs affecte aussi la production des gousses. Par conséquent, dans deux ou trois ans il n’aurait plus de production de semences donc pas de régénération. Les dégâts commencent à apparaitre après la saison hivernale, notamment en début de la saison froide (octobre) et ils s’étendent jusqu’au mois de décembre. En ce moment la plante se dessèche complètement.

Comme chez tous les lépidoptères, la larve passe par le stade chrysalide avant de devenir adulte. Pendant cette phase, elle s’entoure d’un cocon blanc cireux de couleur blanche (environ 5 cm) lui permettant de s’accrocher sur une tige. Le cocon lui permet également de se protéger des conditions climatiques défavorables (parfois jusqu’à environ 50° C) qui prévalent dans la nature. Dans le village de Derme Derme on a pu compter en moyenne un peu plus de 400 cocons par plant, sans compter ceux qui sont tombés sur le sol.

Généralisation de la menace sur les autres zones pastorales du pays
En dehors de la vallée de la Tarka, les infestations ont été également constatées dans d’autres sites pastorux du pays, notamment la zone située entre N’Guigmi et N’Gourti (en direction de Metimé) dans la région de Diffa. Partout dans ces zones, la strate arbustive est à prédominance Acacia radiana et Balanites aegyptiaca.
La chenille cause également d’énormes pertes sur cheptel. Selon les propos des éleveurs, la consommation des cocons provoque des fausses couches et des avortements chez les ruminants. En outre, les chenilles provoquent des fortes irritations et des démangeaisons au contact avec la peau humaine.
Les mesures à prendre pour combattre la chenille
A l’heure actuelle, il est difficile d’établir une approche qui peut combattre efficacement les infestations de la chenille pour plusieurs raisons, notamment :
- on ne connait pas encore la biologie de l’insecte ;
- les cocons et les papillons vivent à plusieurs mètres au-dessus du sol ;
- l’insecte semble résisté à des très fortes températures dans le milieu ;
- les zones infestées sont difficiles d’accès, etc.
Cependant, quelques mesures prophylactiques (préventives) peuvent permettre de réduire les infestations. Il s’agit de :
- la surveillance pour détecter les premiers foyers d’infestation ;
- ramassage et destruction des cocons se trouvant sur l’arbre et sur le sol.
Alerte spodoptera frugiperda au Niger
Alerte : la chenille d’automne Spodoptera frugiperda, nouveau ravageur du maïs en Afrique de l’Ouest, a atteint le Niger
Cet article préparé par des chercheurs du centre régional AGRHYMET présente la situation de Spodoptera frugiperda, un lépidoptère qui attaque le maïs au Niger et dans beaucoup de pays africains. La chenille communément « légionnaire d’automne » en français ou « fall armyworm » en anglais est présente en Afrique de l’Ouest où elle a été initialement signalée en 2016 au Nigéria, à Sao Tomé, au Bénin et au Togo. Depuis lors, ce lépidoptère continue de se propager dans les autres pays. Au Niger sa présence a été signalée pour la première en décembre 2016 dans la région de Tillabéry. Il aujourd’hui présent dans la région de Tahoua et probablement dans les autres régions du Niger, surtout celles qui sont à côté du Nigéria et du Bénin.
Le cycle biologique de ce lépidoptère est relativement court et de nouveaux individus peuvent apparaître dans environ un mois (dans les conditions optimales). Comme les autres lépidoptères, c’est la larve ou chenille qui cause les dégâts, l’adulte (papillon) lui se nourrit du nectar des plantes. La larve trop vorace possède des mandibules très puissantes lui permettant de consommer presque toutes les parties de la plante notamment les feuilles, les fruits et les tiges. Elle peut causer des dégâts importants pouvant aller jusqu’à la perte totale de la production. Par exemple au Nigéria, les agriculteurs l’auraient déjà surnommée «Boko Haram», une façon d’illustrer l’ampleur des dégâts causés.
Pour combattre chenille, il est important d’adopter des approches de lutte intégrée en incluant toutes les méthodes qui soient respectueuses de la santé humaine, des animaux et de l’environnement.