Dégâts causés par Tuta absoluta

Symptômes et dégâts causés par Tuta absoluta

La mineuse de la tomate (Tuta absoluta) peut causer des dégâts durant tout le cycle de la plante i.e. de la pépinière à la récolte. Ce sont les larves ou chenilles qui causent les dégâts en s’attaquant aux différentes parties de la plante. Certes, les plus importants dégâts sont causés sur les feuilles mais la larve peut aussi s’attaquer aux bourgeons, aux fruits, aux fleurs voir les tubercules (chez la pomme de terre). Ces dégâts sont plus importants pendant les périodes fraîches de la journée notamment au crépuscule ou au petit matin. Les pertes de rendement qui affectent quantitativement qualitativement la production sont estimées entre 50 et 100%, surtout lorsque des mesures adéquates ne sont pas prises.

Les différentes parties de la plante attaquées par Tuta absoluta

Attaques sur les feuilles

Après éclosion, la larve qui se développe sous l’épiderme de la feuille à l’abri des traitements insecticides. La larve s’enfonce dans les tissus foliaires où elle se nourrit du mésophylle (partie interne d’une feuille constituée de parenchyme chlorophyllien). Elle forme des mines irrégulières de formes serpentines qui deviennent plus tard nécrotiques. Dans le cas d’attaque sévère, les larves consomment tout le tissu foliaire, laissant le squelette de la feuille ainsi que ses déjections noires. Avec le temps, la feuille se brunit et se dessèche. Dans certains cas (en début d’attaque) les dégâts causés par T. absoluta peuvent être confondus à ceux des mouches mineuses du genre Liriomyza. A titre de comparaison, les mines de T. absoluta sur feuilles sont blanchâtres et plus large que celle des mouches mineuses. Ces mines finissent par se nécroser et se dessécher, faisant penser à des plantes en fin de cycle.

Au niveau des fleurs et du fruit

Sur les fruits, la larve y pénètre habituellement via le calice et elle creuse des galeries dans la chair. Ceci est souvent perceptible par la présence des déjections noires au niveau de la porte d’entrée. Ces galeries sont autant de portes d’entées aux infections secondaires dues aux microorganismes phytopathogènes (champignons) qui entrainent la pourriture des fruits. La larve est souvent responsable de chute des fruits immatures.

Attaques sur les tiges et les bourgeons

Les dégâts de T. absoluta peuvent aussi être observés au niveau des tiges. La larve est capable d’y pénétrer et causer des galeries dans les jeunes bourgeons où elle entre via l’extrémité apicale.

Attaques sur les parties souterraines

Des cas d’attaques sur les tubercules de la pomme de terre ont également été rapportés par le Fredon-Corse. Ces dégâts sont caractérisés par la présence des galeries sur les tubercules, affectant ainsi la qualité du produit.

Les fruits ou les tubercules attaqués par la chenille mineuse de la tomate deviennent alors invendables et impropres à la consommation. Ainsi, les pertes potentielles de rendement (qui affectent la quantité et la qualité du produit) causées par les larves sont énormes. Elles peuvent aller jusqu’à la perte totale de la production, surtout lorsque des mesures adéquates ne sont pas prises.

Comment reconnaître les attaques de Tuta absoluta ?

La mineuse de la tomate est facilement identifiable sur les cultures parce qu’elle a une préférence pour les organes aériens notamment les feuilles, les bourgeons apicaux, les fleurs et les jeunes fruits. De nombreux signes permettent de savoir si une culture est attaquée par cet insecte. Il s’agit principalement :

  • des mines blanchâtres et irrégulières sur les feuilles ;
  • des distorsions des feuilles ;
  • des nécroses et des brunissements sur les feuilles ;
  • des petits trous en forme de virgule et des galeries au niveau des fruits ;
  • des déjections noires sur les feuilles, les fruits ou les tiges attaqués ;
  • la réduction de la taille et la chute des fruits ;
  • des desséchements et la mort prématurée de la plante, surtout en cas d’attaques sévères.

A quand doit-on s’attendre à des attaques de Tuta absoluta ?

Tuta absoluta est un insecte qui aime les températures élevées. L’optimum pour son développement se situe autour de 27° C. Au Niger à cause des conditions climatiques favorables, Tuta est présente durant toute l’année tant que la nourriture est disponible. Cependant, les dégâts sont beaucoup plus importants pendant la saison sèche, au moment où les températures sont plus ou moins élevées. La période critique se situe entre février et juin. L’incidence de l’insecte est faible pendant la saison des pluies (juillet à septembre) et pendant la saison froide (novembre à février).

Pourquoi une telle capacité de dispersion ?

Originaire du Pérou, Tuta absoluta est présente dans toute l’Amérique latine. Depuis son apparition en Espagne en 2006, l’insecte a envahi très rapidement tout le bassin méditerranéen, le Moyen Orient et les pays d’Asie du Sud-est ainsi que tout le continent africain. En seulement 11 ans (de 2006 à 2017), les superficies attaquées ont passée de 3 à 60% à travers le monde.

En Afrique de l’Ouest, les attaquent remontent depuis 2012 et les premiers pays concernés sont le Niger et le Sénégal. Au Niger, la chenille a été pour la première fois identifiée en février 2013 à Bourbourakabé, à 12 km au nord de Niamey (la capitale Niger). Peu après, le ravageur refait surface en octobre 2013 dans les régions d’Agadez et Tillabéry.

Selon Fischer (2013), lorsqu’un ravageur des cultures apparaît dans une nouvelle région, son installation se déroule en trois phases :

  • l’introduction d’individus fondateurs, qui demeurent en général inaperçue ;
  • l’établissement de l’espèce en effectifs limités ;
  • l’accroissement et l’extension spatiale des populations, qui peuvent donner lieu à des dégâts économiques plus ou moins importants.

Muniappan (2013) a mentionné que la présence de ce ravageur au Niger date 2012. Vu que celui-ci a été observé sur une distance de plus de 1000 km (Agadez) du premier site où elle a été initialement détectée en 2013 (Bourbourkabé), laisse présager que la mineuse de la tomate est probablement présente bien avant l’année 2012.

Le succès de la rapide propension de ce lépidoptère à chenille mineuse serait dû à :

  • sa grande capacité de dispersion : migration sur plusieurs des kilomètres ;
  • aux importants échanges commerciaux entre les communautés ou entre les Etats ;
  • aux transports du matériel végétal (plants, fruits) d’une localité ou d’un pays à l’autre ;
  • la dispersion du ravageur vers des zones agroclimatiques favorables ;
  • au faible nombre d’ennemis naturels dans les zones nouvellement colonisées ;
  • la forte capacité d’adaptation dans les zones nouvellement infestées ;
  • la forte capacité de résister aux conditions défavorables au cours du transport (9° C) ;
  • cycle de développement rapide du ravageur ;
  • au faible niveau de connaissance des méthodes de lutte ;
  • forte capacité à développer des résistances vis-à-vis des pesticides.

Comment différencier Tuta absoluta des autres insectes qui lui ressemblent ?

L’adulte de T. absoluta est un papillon à mœurs nocturne. Il se cache habituellement sous les feuilles de la plante pendant la journée. La larve d’environ 8 mm provoque des mines et des galeries sur les différentes parties de la plante attaquée. L’une des caractéristique de la larve est la présence, au niveau de la tête, de 2 étroites bandes noires, une latérale et l’autre ventrale. Le diamètre de la capsule de la tête est un bon indicateur pour différencier les différents stades larvaires.

Toutefois, il est important de ne pas confondre T. absoluta avec d’autres espèces d’intérêt agronomique de la même famille (Gelechiidae) qui attaquant les Solanacées. Il s’agit de :

  • La teigne de la pomme de terre ou potato tuber moth (Phthorimaea operculella) présente en Afrique de l’Ouest et au Niger. Cette espèce se différencie de T. absouta au niveau de ces pattes qui sont de couleur noire. Elle possède également une bande noire beaucoup plus large sur le pronotum (« cou de l’insecte ») ;
  • Keiferia lycopersicella communément appelée la mineuse tropicale de la tomate (tomato pinworm) ;
  • La teigne guatémaltèque de la pomme de terre, en anglais Guatemalan potato moth (Tecia solanivora). Cette espèce n’est pas encore présente sur le continent africain ;
  • Aproaerema modecella ou mineuse des feuilles de l’arachide (groundnut leafminer).

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