Comment procéder à un bon échantillonnage ?

L’observation des symptômes est très importante pour un diagnostic complet et correct. C’est une phase importante pour la réalisation d’un bon échantillonnage.

Il est important d’observer les différentes parties de la plante (racines, base du tronc/tige, tronc/tige, branches, feuilles). Chacune de ces structures doit être envoyer à au laboratoire de Clinique des Plantes pour un diagnostic précis.

Pour faciliter le diagnostic, des photos pertinentes et lisibles ainsi qu’une description de l’étendue des dégâts causés par le ravageur ou l’agent pathogène (plante isolée ou foyer d’infection, symptômes identiques sur d’autres espèces…) sont également nécessaires. Ainsi :

  • Pour les cultures maraîchères (choux, courges, oignon, tomate, pomme de terre…), ou les cultures pluviales (maïs, mil, niébé, riz, sorgho…), il est conseillé de faire parvenir plusieurs échantillons de plantes entières (parties aériennes et systèmes racinaires).
  • Pour les cultures fruitières et forestières, si les symptômes apparaissent sur les feuilles ou les rameaux (taches, excroissances, gales, fructifications, perforations, jaunissement,…), il est conseillé de faire parvenir un échantillon présentant des zones saines et atteintes. Pour le cas des insectes (par exemple la mouche des fruits sur manguier), il est conseillé de faire parvenir les photos de l’insecte et des spécimens d’insectes vivants ou conservés.

La procédure d’échantillonnage des insectes est décrite dans Comment faire l’échantillonnage.

Comment nous faire parvenir vos échantillons ?

L’échantillon à analyser doit être le plus frais possible. Dans le cas où l’échantillon ne peut être amené directement après son prélèvement, celui-ci peut être conservé Eéchantillonnagee jamais l’emballer dans un sachet en plastique pour risque de putréfaction. Les enveloppes en papier sont conseillées. Vous pouvez également envoyer vos échantillons sous forme de :

  • d’herbier bien conservé de la partie de la plante attaquée ;
  • Les photos peuvent être envoyées à l’adresse csan.niger@gmail.com ou téléchargées ici ;

Les échantillons peuvent être déposés au laboratoire (8h-18h) ou par colis postal ;

Maladies des plantes

Qu’est-ce qu’une maladie des plantes ?

Une maladie est une anormalité physiologique et structurale causée par un agent infectieux ou un facteur de l’environnement, qui affecte la structure et/ou les fonctions d’une plante, une partie ou un produit de la plante, tout en réduisant sa valeur économique. L’étude des maladies des cultures est la phytopathologie.

Dans une large mesure, la phytopathologie est pour les plantes, ce que représentent la médecine pour les hommes ou la science vétérinaire pour les animaux.

Agents responsables des maladies chez les plantes

Les organismes vivants causant les maladies chez les plantes sont presque les mêmes que ceux qui sont responsables des maladies chez l’homme. Ce sont pour la plupart des organismes microscopiques (i.e. qu’on ne peut pas voir à l’œil nu). Leur taille varie de l’ordre de nanomètre (10-9 m comme les virus) à quelques millimètres (nématodes), voire des organismes entier (plante parasite).

Pour beaucoup de gens, on parle de maladie lorsqu’une plante est attaquée par au moins un ou des agents infectieux comme les virus ou les champignons. Et bien il n’en est pas le cas, puisque les facteurs environnementaux défavorables comme les carences en éléments minéraux, l’humidité, la lumière, la température, la présence des substances chimiques dans l’air ou dans le sol, peuvent aussi causer d’importantes pertes économiques. Ces agents non infectieux sont donc considérés comme des agents non biologiques responsables des maladies.

Classification des maladies

De nos jours, ce sont des dizaines de milliers de maladies qui affectent les plantes (cultivées ou sauvages). Plusieurs critères permettent de classer les maladies des plantes mais le plus simple est celui qui les classe selon que la cause soit biologique ou non. Ainsi on distingue :

  • les maladies biotiques ou maladies infectieuses (causées par des organismes vivants) ;
  • les maladies abiotiques ou non infectieuses (causées par les facteurs de l’environnement).

Comme pour l’homme, les maladies infectieuses sont causées par des agents pathogènes comme les virus, les bactéries, les champignons, les nématodes, les protozoaires, les phytoplasmes, les viroïdes, les virusoïdes ou les prions. A ceux la , s’ajoute les plantes parasites.

La classification des maladies biotiques, qui est d’ailleurs la plus complexe, est basée sur plusieurs critères. On peut citer par exemple :

  • le type de pathogène qui en est responsable (maladie virale, maladie fongique) ;
  • la nature des symptômes (mosaïque, galles, mildiou, rouille, pourriture) ;
  • le type de culture (maladie des grandes cultures ou des cultures en serre) ;
  • le type de facteur de l’environnement (carence en éléments minéraux ou les brûlures du soleil).

Comment se transmettent les maladies des plantes?

Mode de transmission des virus et des viroïdes

Du fait de l’immobilité de leurs hôtes, la plupart des phytovirus utilisent des vecteurs spécifiques pour passer d’un hôte à l’autre. Ces « véhicules de transport » sont principalement des arthropodes et en grande majorité des insectes. Contrairement aux virus animaux, la plupart des virus des plantes entrent dans la cellule par l’intermédiaire d’un vecteur au cours de l’alimentation de celui-ci ou via une blessure. Ainsi, les virus des plantes (ou phytovirus) possèdent 3 principaux modes de transmission :

  • la transmission par les organismes vivants (insectes) ;
  • la transmission par les semences ;
  • la transmission mécanique par les facteurs physiques.

La transmission par les organismes vivants est le moyen privilégié par les virus pour infecter leur hôte.

Les insectes vecteurs des phytovirus appartiennent à sept ordres mais le plus important est celui des Hémiptères donc tous les représentants ont un appareil buccal de type piqueur-suceur et se nourrissent spécifiquement de sève phloémienne des plantes. Parmi ces insectes, on peut citer les pucerons, les mouches blanches, les cicadelles et les cochenilles (Coccoidae). A ceux la s’ajoute les thrips (Thysanoptères), les coléoptères, les bourdons (Hymenoptera) ou les criquets (Orthoptères).

En plus de leur mode de transmission par des agents pathogènes cités ci-dessus, un grand nombre de virus et viroïdes sont souvent transmis par les semences ou via le pollen. Le terme « transmission par les semences » est utilisé pour désigner le passage du pathogène de la semence à la plantule et à la plante.

Il existe d’autres modes de transmission des virus différents de la transmission par les vecteurs ou par les semences. Ainsi, certains virus peuvent être transmis mécaniquement par :

  • contact entre un plant saint et un plant malade (Potato virus X ou PVX) ;
  • via les débris des cultures comme le Tobacco Mosaic Virus (TMV) ;
  • l’homme soit à travers le matériel de travail, ses mains ou même ses habits.

Mode de transmission des bactéries et des phytoplasmes

La dissémination d’une bactérie phytopathogène d’une plante à l’autre se fait principalement par l’eau, les semences, les insectes, les animaux et l’homme. Par exemple l’eau de pluie ou d’irrigation à travers les éclaboussures, constitue un facteur important dans la propagation des bactéries. Les insectes eux en s’alimentant sur une plante, peuvent transporter des bactéries et les inoculer à une plante saine.

Mode de transmission des champignons et des chromistes

La plupart des champignons et chromistes (faux champignons incluant les espèces responsables des mildious) dépendent de plusieurs agents pour leur dissémination. Ce sont notamment les semences, le vent, le sol, l’eau, les insectes, les oiseaux, l’homme et les animaux.

Mode de transmission des nématodes

Les nématodes sont des vers parasites qui vivent à l’intérieur (endoparasite) ou l’extérieur de (ectoparasite) de la plante hôte en s’en nourrissant. Ce sont des êtres vivants de très petite taille qui ne sont pas spécialisés dans le mouvement sur des longues distances à condition qu’ils trouvent un véhiculant pouvant assurer le déplacement.

Les moyens les plus efficaces pour la propagation des nématodes sont l’eau et le sol. Ils peuvent aussi être disséminés par les semences (y compris les plants produits dans des pépinières contaminés), les insectes, l’homme, le matériel aratoire et même le vent.

 

Types de dégâts causés par les organismes pathogènes

Symptômes causés par les maladies des plantes

Les agents pathogènes sont responsables de plusieurs sortes de symptômes sur les feuilles, les fruits, les racines, les tiges, les tubercules ou les produits des plantes en conservation. Les types de cellules, de tissus ou d’organes affectés déterminent le type de fonction physiologique qui sera initialement perturbée. Par exemple :

  • l’infection des racines peut conduire à la pourriture de celles-ci, les rendant incapables d’absorber l’eau et les sels minéraux du sol ;
  • l’infection des vaisseaux du xylème, comme pour le cas de certains flétrissements ou des chancres, perturbent la circulation de l’eau et des nutriments ;
  • les attaques sur les feuilles (les rouilles, mildiou, mosaïque, duvet blanchâtre) réduisent la photosynthèse ;
  • l’infection des cellules phloémiques au niveau des nervures foliaires et de l’écorce des bourgeons et des tiges, comme pour le cas des chancres et des maladies causées par les virus et les protozoaires interfère avec la circulation de la sève élaborée ;
  • l’infection des fleurs et des fruits interfère avec la reproduction et la production des fruits. Dans certains cas, la partie infectée devient hypertrophiée avec l’apparition d’une tumeur ou des galles (nématodes) (Tableau 1).

Symptômes causés par les virus et les viroïdes

Les virus causent plusieurs types de symptômes, entrainant des réductions de rendement voire des pertes totales de la production. Ces symptômes apparaissent généralement sur les feuilles mais certains virus peuvent également causés des symptômes remarquables sur les tiges, les fruits, les racines et les tubercules. Toutefois, certains virus dits « latents » peuvent échapper aux « radars » et ne pas causer de symptômes visibles sur la plante.

Les symptômes couramment observés sont les taches annulaires et  les mosaïques (zones légèrement vertes, jaune ou blanches mélangées à des zones normales vertes sur les feuilles). Les symptômes pourraient aussi être des zones légèrement colorées entremêlées de zones normales au niveau des fruits ou des fleurs. Selon le degré de décoloration, le terme mosaïque peut être décrit comme marbrures, striures, nécroses foliaires et nervaires, ou taches chlorotiques ou annulaires.

Les taches annulaires sont caractérisées par l’apparition d’anneaux chlorotiques ou nécrotiques sur les feuilles, les fruits, les tubercules ou les tiges.

Symptômes engendrés par les bactéries et les phytoplasmes

Les bactéries sont responsables de plusieurs types de symptômes chez les plantes. Il s’agit notamment des taches foliaires qui sont huileuses, graisseuses, translucides et anguleuses (cas des Xanthomonas spp.), des nécroses et des brulures (feux bactériens, cas des Erwinia spp.), des pourritures molles des fruits, des racines et des organes de réserves (Pectobacterium carotovorum sur tubercules de pomme de terre), des excès de croissance ou des proliférations des tissus (Agrobacterium spp., pseudomonas spp.), des galles et des halos jaunâtres (Xanthomonas spp.) et des chancres (pseudomonas spp.).

La présence des bactéries sur une plante se caractérise aussi par la production d’exsudat bactérien sur les tiges, les feuilles ou les fruits. Des bactéries dites vasculaires sont responsables des brunissements des vaisseaux conducteurs de la plante entrainant des flétrissements.

Symptômes causés par les champignons et les chromistes

En général, les champignons causent des nécroses locales ou généralisées sur les tissus ou des réductions de la croissance de la plante. Certains symptômes peuvent également être spécifiques ou non-spécifiques des champignons. Ces sont notamment :

  • les rouilles  : petites lésions sur feuilles ou tiges habituellement de couleur rouillée ;
  • le mildiou : taches brunes ou une apparence de moisissures blanches et cotonneuses sur feuilles ou des pourritures nauséabondes des tubercules ;
  • l’oïdium : parties des feuilles, des tiges, des fruits ou des fleurs recouvertes de duvet blanchâtre ;
  • la fonte des semis : effondrement ou mort rapide des jeunes plantules ;
  • la pourriture du collet : désintégration de la partie inférieure de la tige (en contact avec la partie souterraine) ;
  • l’anthracnose : nécroses des certaines parties de la plante (feuilles et fruits) ;
  • les brunissures : brunissements rapides et très prononcés, accompagnés de la mort des tissus au niveau des feuilles, des tiges ou des fleurs.

Symptômes causés par les nématodes

Malgré qu’ils soient dans le sol en contact avec la partie souterraine, les attaques des nématodes affectent aussi bien les racines que les parties aériennes de la plante. Les symptômes sont sous forme de lésions racinaires, des nodules ou des galles, des blessures à l’extrémité des racines, une prolifération des radicelles (sous forme de chevelures) et des pourritures au niveau des racines surtout lorsque l’infection est accompagnée par celle des bactéries ou des champignons.

Les symptômes sont souvent accompagnés par d’autres signes non caractéristiques au niveau des parties aériennes de la plantes. Il s’agit principalement de : réduction de la croissance (causée par les carences en nutriments), flétrissement, nanisme, jaunissement, lésion nécrotique, distorsion des feuilles, développement anormal des fleurs, faible qualité des fruits et fatigue du sol.

Symptômes causés par les plantes parasites

Ce sont des plantes qui vivent sur d’autres plantes en puisant les éléments nutritifs de leurs hôtes. On les rencontre en particulier au niveau des racines ou des tiges. Au cours de leur parasitisme, elles développent un suçoir (ou haustorium) qui est une sorte de pont structural leur permettant de puiser des substances nutritives de l’hôte. Ces plantes se développent à côté ou souvent sur la plante hôte et peuvent même parfois enlacer.

Les symptômes causés par ses parasites sont généralement des dépérissements de la partie distale, un développement des renflements (nœuds) et des chancres au niveau de la zone de contact (cas des orobanches ou des Striga), la production de balaie de sorcière, des chloroses, la diminution de la résistance du bois, le retard de croissance, le nanisme, des flétrissements voire la destruction totale de l’hôte.

Leurs attaques favorisent aussi les infections secondaires dues à d’autres parasites. C’est le cas des cuscutes qui peuvent être des vecteurs de virus entre une plante hôte infectée et une plante hôte saine.

Tableau 1 : Type de symptômes causés par les agents pathogènes

SymptômeBactérieChampignon et chromisteNématodePlante parasiteVirusPhytoplasme
Flétrissement
Mosaïque
Nécrose
Taches foliaires & brunissement
Pourriture des fruits
Pourriture des racines
Fonte de semis
Ralentissement de la croissance
Galle & nodule

Dégâts causés par les maladies des plantes

Le type et l’importance des pertes causées par les maladies varient selon plusieurs paramètres qui sont : l’agent pathogène, la plante ou la partie attaquée, l’environnement, les méthodes de lutte utilisées et la combinaison de tous ces facteurs. Les pertes engendrées surviennent généralement en champ, en conservation mais aussi pendant le transport.

Les maladies peuvent également engendrer des pertes en quantité et en qualité avec comme conséquence une augmentation des prix des produits, menaçant ainsi la sécurité alimentaire et nutritionnelle d’un pays. En plus, il ne faut pas se perdre de vue que certains produits des plantes atteints sont souvent toxiques pour l’homme. C’est le cas de :

  • l’ergot du seigle et du blé qui contient un puissant alcaloïde produit par des champignons des genres Sclerotia et Claviceps ;
  • des aflatoxines (contenues dans l’arachide ou le maïs) produites par des espèces de champignons des genres Aspergillus et Penicillium.

L’ampleur des pertes causées par les maladies dépend de plusieurs facteurs, notamment l’intensité et de distribution de celle-ci. Toutefois on sait que, les pertes sont plus importantes en cas d’attaque précoce. Vu qu’il existe plusieurs catégories de maladies (virales, fongique) et que celles-ci dépendent de plusieurs facteurs, il n’est cependant pas aisé d’estimer les pertes causées par les attaques des agents pathogènes.

Tableau 2 : Estimation des dégâts causés par les ennemis des cultures dans le monde

Type de dégâtsExemplesPourcentage (%)
MaladiesVirose, bactériose, maladie fongique12
Insectes et acariensChenilles, criquet, piqueur-suceur, araignée rouge15
Mauvaises herbesStriga, cuscute13
Total40

Perspectives dans la lutte contre les maladies

Les maladies des cultures ont impact considérable sur nous car elles peuvent causer des dégâts importants sur les plantes et leurs produits, pour lesquels dépend l’humanité pour son alimentation, son habillement, son habitation et son environnement. La qualité de la production ou les pertes causées par les ennemis des cultures varient selon le type de climat (chaud, humide, pluvieux, aride, froid, …), la particularité de l’année, la disponibilité en intrant (dont les pesticides), le matériel et les méthodes d’applications des pesticides, les compétences de l’applicateur et le niveau éducationnel des agriculteurs. En plus, l’importance de chaque type d’ennemi de culture (agent pathogène, ravageur ou mauvaise herbe) varie souvent en fonction de la culture.

Depuis le début du 20ème siècle, le domaine de la protection des cultures reposait beaucoup de l’utilisation de substances toxiques (pesticides). Dans beaucoup de pays, la lutte contre les maladies des cultures est essentiellement basée sur l’utilisation des produits chimique.

Face à tous ces problèmes et compte tenu de la toxicité des substances chimiques pour l’homme et son environnement (en particulier les espèces non-cibles), il est important de se tourner vers des approches écologiquement acceptables. De nos jours, la nouvelle approche de lutte en protection des cultures qui consiste à réduire la dépendance de ces toxiques, tout en associant toutes les autres méthodes de contrôle susceptibles de préserver la santé humaine et respectueuses de l’environnement s’appelle la « lutte intégrée ». Cette approche nouvelle intègre plusieurs méthodes, notamment les pratiques culturales, les méthodes biologique et physique, l’utilisation des variétés résistantes ou tolérantes et la lutte chimique.

Quelques références citées

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Naqvi S.A.M.H., 2004. Diseases of Fruits and Vegetables Diagnosis and Management, Volume II. Kluwer Academic Publishers.

Sastry K.S., 2013. Seed-borne Plant Virus Diseases. Springer.

La lutte intégrée

Généralités sur les maladies des plantes

La croissance galopante de la population associée à des pratiques comme la monoculture, le non-respect des pratiques culturales ont occasionné une utilisation massive d’intrants chimiques. Il est vrai que les ennemis des cultures (ou bioagresseurs) peuvent causer des dégâts importants parfois des pertes totales sur les cultures ou altérer la qualité des produits mais l’utilisation des pesticides chimiques n’est également pas sans conséquence. L’usage de ces produits a engendré l’adaptation aux pesticides chez les insectes et des conséquences néfastes sur la santé humaine et sur l’environnement. De l’autre côté, l’opinion publique exerce une pression sur les producteurs de se tourner vers des méthodes alternatives de lutte, plus respectueuse de l’environnement et de la santé du consommateur.

L’idée de création d’une agriculture avec moins de pesticides a été pour la première fois évoquée en 1962 par Rachel Carson dans son ouvrage Silent spring. Plus tard survient le concept de lutte intégrée ou Integrated pest management (IPM) en réponse à l’apparition des cas de résistances aux pesticides chez certains insectes et acariens. La lutte intégrée qui consiste à associer toutes les techniques écologiquement acceptables se veut un moyen pour combattre les ennemis de cultures sans être dépendant des pesticides chimiques.

Dans cette partie nous développons ce que c’est la lutte intégrée, les différentes méthodes quelle comporte, comment mettre en place un programme de lutte intégrée et enfin, fournir des informations pour aider les producteurs à mieux gérer les bioagresseurs dans leurs champs.

Qu’est-ce que la lutte intégrée ?

La lutte intégrée consiste en l’association de plusieurs méthodes dans le but de maintenir les populations des nuisibles (ennemis des cultures) à des niveaux inférieurs à ceux causant des dommages d’importance économique.

Dans les pays en développement la lutte chimique demeure le moyen privilégié des agriculteurs pour combattre les ennemis des cultures. Mais avec la lutte intégrée, le producteur considère la lutte chimique comme un outil parmi l’éventail de méthode de lutte dont il dispose. Pour mieux comprendre ce que c’est la lutte intégrée, nous allons la traduire en anglais (« Integrated Pest Management« ) et définir chacun des termes.

Integrated ou intégré (en français) indique les relations qui existent entre les ennemis des cultures, la plante, l’environnement et les différentes méthodes de lutte. Ce concept inclut toutes les tactiques et comment ces celle-ci conviennent avec les autres pratiques culturales utilisées.

Pest ou bioagresseur (en français) : Un ennemi de culture est un organisme qui entre en conflit avec notre profit ou notre santé. Ce concept d’ennemi de culture intègre la notion de « gestion rationnelle des nuisibles ». Ainsi, une espèce ne peut pas être considérée comme ennemi de culture que si elle atteint un niveau important pour affecter ces facteurs. Dans ce contexte bioagresseur inclut :

  • les ravageurs (insecte, acarien, vertébré) ;
  • les agents pathogènes (bactérie, champignon, nématode, virus) causant des maladies ;
  • les mauvaises herbes.

Management ou gestion (en français) : c’est un moyen de maintenir les ennemis des cultures en dessous du seuil économique. Le terme « gestion » inclut toute tactique qui soit efficace et économique, tout en réduisant au minimum les risques environnementaux (en aucun cas l’élimination totale des ennemis) et tenant compte des considérations sociales.

Les pesticides chimique font partie de notre quotidien, il ne s’agit nullement ici d’une agriculture sans pesticides chimiques. On parle tout simplement d’une agriculture avec moins de pesticides.

En résumé, la lutte intégrée se définie comme un système de gestion des populations d’ennemis des cultures qui, dans le contexte de l’environnement et des dynamiques des populations des espèces nuisibles, met en œuvre toutes les techniques appropriées, d’une manière aussi compatible que possible, pour les maintenir à des niveaux inférieurs à ceux causant des dommages d’importance économique.

A quand appliquions-nous l’IPM ?

Certes, il faut avoir un savoir-faire ou de l’expertise pour combattre efficacement les nuisibles dans un champ, mais la lutte intégrée fait partie, en quelque sorte, du quotidien des agriculteurs sans qu’ils ne s’en rendent compte. En effet, presque chaque producteur applique au moins la lutte intégrée à travers les pratiques normales ancestrales. Ces dernières impliquent la prise de toute action pour anticiper, d’une part l’explosion des bioagresseurs et d’autre part prévenir les pertes potentielles en utilisant une large gamme de tactiques et de stratégies. L’objectif ici est d’empêcher les ravageurs d’atteindre le seuil économique tout en réduisant les risques inhérents de la méthode de lutte appliquée, sur la santé humaine et sur l’environnement.

Un programme de lutte intégrée peut être spécifique à un site donné. L’IPM est basée sur l’identification des ravageurs, la détermination exacte de leur population, l’évaluation du niveau des dégâts, et la connaissance des stratégies et des tactiques disponibles de gestion des bioagresseurs pour la prise de décision. Elle offre la possibilité d’amélioration du contrôle de ces nuisibles, tout en réduisant les effets négatifs.

Éléments importants d’un programme de lutte intégrée

La planification constitue la pierre angulaire dans un programme de l’IPM. Chaque culture possède des ennemis qui sont inféodés à son cycle de vie et cela doit être pris en compte.

Un bon programme de lutte intégrée comporte au moins 3 composantes :

  • l’identification et le monitoring des ravageurs ;
  • la sélection des meilleures méthodes de lutte disponibles ;
  • l’évaluation de l’efficacité des méthodes appliquées.

Identification et monitoring

Il est important de savoir ce qui se passe dans son champ avant la prise de décision. Un organisme ne peut être considéré comme nuisible que lorsqu’il cause des dommages économiques à la culture. La surveillance (ou monitoring) est donc la clé pour tout programme de l’IPM puisqu’elle permet de déterminer précocement des potentiels problèmes dans un champ. Ainsi, il est important de surveiller régulièrement son champ en utilisant des méthodes d’identification et de monitoring appropriées. Pour surveiller efficacement son champ il faut :

  • connaître les différentes caractéristiques de la plantes et être capable de différencier la plante lorsqu’elle attaquée ou dans un état anormal ;
  • identifier la cause du problème i.e. l’ennemi de culture qui en est responsable puis que chaque ravageurs ou agent pathogène possède des symptômes caractéristiques ;
  • Localiser l’endroit où se trouve le problème ;
  • Déterminer le stade de développement du ravageur (œuf, larve, pupe ou adulte) ;

Sélectionner les meilleures méthodes de lutte

L’objectif visé est d’utiliser les méthodes qui soient pratique, efficaces, économiques et respectueuses de l’environnement. Ainsi il faut :

  • connaître le cycle biologique et le comportement du ravageur. Certaines méthodes ne sont efficaces que lorsqu’elles sont utilisées au bon moment ;
  • déterminer le niveau d’infestation (seuil économique) ;
  • comparer le coût et le bénéfice des différentes méthodes.

La présence des nuisibles n’est pas toujours synonyme de perte. Pour justifier le coût de la méthode, la population des bioagresseurs doit être assez grande pour causer des dégâts importants. Il existe des termes économiques qui permettent de déterminer la rentabilité de l’utilisation d’une méthode de lutte.

(i) Seuil de nuisibilité économique : c’est la plus faible population de ravageur pouvant causer des dégâts. Pour plusieurs ravageurs, il est important de prendre plusieurs mesures avant d’atteindre ce seuil.

(ii) Seuil économique : c’est le niveau de densité de la population de bioagresseur auquel un traitement phytosanitaire devrait être appliqué pour maintenir sa population en dessous du seuil de nuisibilité économique. C’est le niveau au cours duquel le coût de traitement devient inférieur au coût des dégâts estimés.

(iii) Dégâts économiques : c’est lorsque les dégâts causés sur la culture dépassent le coût de la méthode de lutte. A ce niveau toute intervention couterait très chère à l’agriculteur.

Évaluation de l’efficacité des méthodes appliquées

L’évaluation de l’efficacité des méthodes utilisées est une étape cruciale dans un programme de l’IPM. Il est important avant de réexécuter un programme de lutte intégrée, de savoir comment les tactiques utilisées marchent, quelle est leurs efficacités, leurs faiblesses, les changements à opérer et quel est leurs impacts sur l’environnement ?

Méthodes de lutte intégrée

Le but d’un programme de lutte intégrée est de maintenir, les populations des ennemis des cultures à un niveau acceptable à celui causant des pertes économiques sur les cultures tout en réduisant les risques sur la santé humaine et sur l’environnement. Cela implique l’association de plusieurs méthodes en un seul système intégrée.

Méthodes de gestion des ennemis des cultures

Méthodes culturales

Ces techniques visent à défavoriser le développement des bioagresseurs tout en modifiant leur environnement et leur comportement afin de prévenir ou réduire une infestation ou en mettant la culture dans les meilleures conditions possibles.

En plus, ces méthodes consistent à adapter le système cultural afin de limiter les dommages des bioagresseurs. Elles comportent les pratiques culturales notamment : le choix du site, la rotation et l’association culturale, la modification de la date et de la densité de semis, la gestion équilibrée de la fertilisation, les techniques d’irrigation, le labourage, le malching, le désherbage et l’élimination des résidus des cultures.

Ces méthodes interrompent, d’une part les interactions entre le bioagresseur et l’hôte et d’autre part réduisent la croissance et le développement des nuisibles.

Ces techniques sont très avantageuses dans la mesure où elle ne nécessite pas des coûts supplémentaires et où elle peut s’intégrer dans les objectifs économiques de l’agriculteur. Certains s’accordent même à dire que « la lutte culturale peut à elle seule suffit pour maîtriser les ennemis des cultures lorsqu’elle est soigneusement appliquée ».

Méthodes biologiques

La lutte biologique est l’utilisation par l’homme, des substances d’origine biologique ou d’ennemis naturels (ou auxiliaires) tels que les prédateurs, les parasitoïdes, des agents pathogènes pour contrôler les populations d’espèces nuisibles et les maintenir en dessous du seuil de nuisibilité. Dans leur environnement, tous les bioagresseurs ont des ennemis naturels qui les combattent efficacement (dans certaines situations).

Un ennemi naturel est un organisme utilisé comme agent de lutte pour combattre les insectes, acariens, bactéries, champignons, nématodes, mauvaises herbes ou animaux.

Parmi ces ennemis naturels on peut trouver des insectes, des acariens, des agents pathogènes (bactérie, champignon, virus) ou des animaux. La lutte biologique implique aussi l’utilisation des substances d’origine biologique obtenues à partir d’extraits de bactérie, champignon ou de plante.

Plusieurs ennemis naturels sont aujourd’hui élevés et commercialisés à travers le monde. On peut promouvoir le contrôle biologique par utilisation des procédés naturels en favorisant l’activité des ennemis naturels dans leur environnement ou en en effectuant des lâchés (insectes commercialisés) dans les champs.

Méthodes génétiques

Certaines plantes peuvent être sélectionnés et utilisés pour des caractéristiques physiques qui fournissent une résistance physiologique vis-à-vis des bioagresseurs. Cette méthode consiste en la sélection et la diffusion des variétés résistantes ou tolérantes.

Méthodes chimiques

La lutte chimique joue un rôle important dans un programme de lutte intégrée. Pour combattre les bioagresseurs les agriculteurs utilisent très souvent des pesticides chimiques.

Un « pesticide », ou tout simplement « phytos » est une substance ou association de substances destinées à repousser, détruire ou combattre :

  • les ravageurs (insectes, acariens, rongeurs) ;
  • les agents pathogènes causant des dommages pendant la production, le stockage ou la commercialisation des produits agricoles ;
  • les végétaux indésirables appelés mauvaises herbes ou adventices.

Les pesticides peuvent aussi être des substances exerçant une action sur les processus vitaux des plantes. C’est le cas des régulateurs et des stimulateurs de croissance, une nouvelle catégorie de produits commercialisée de nos jours.

On distingue selon leur activité plusieurs types de pesticides :

  • les acaricides pour lutter contre les acariens ;
  • les avicides pour combattre les oiseaux ;
  • les bactéricides contre les bactéries phytopathogènes ;
  • les fongicides pour les combattre les champignons phytopathogènes ;
  • les herbicides pour détruire les mauvaises herbes ;
  • les insecticides pour combattre les insectes ;
  • les nématicides pour lutter contre les nématodes phytopathogènes ;
  • les régulateurs de croissance et les biostimulants pour stimuler la croissance et le développement des plantes ;
  • les rodenticides pour éliminer les rongeurs.

L’utilisation des pesticides considérée comme méthode conventionnelle est la pratique prédominante pour combattre les nuisible à travers le monde, surtout dans les pays en développement. Cette méthode est relativement moins chère et présente un large spectre, autrement dit, elle permet de tuer une large gamme d’espèces de nuisibles. Certes, la méthode chimique est simple et facile à comprendre et à appliquer par les agriculteurs mais celle-ci n’est pas sans conséquence et cela pour plusieurs raisons :

  • elle provoque le développement des résistances vis-à-vis des pesticides ;
  • elle est responsable du problème des résidus sur les denrées alimentaires ;
  • elle crée des problèmes de santé pour les applicateurs ;
  • elle contribue à la destruction des espèces non cibles (en particulier les espèces bénéfiques) ;
  • elle a des effets néfastes sur l’environnement (contamination des ressources en eau) ;
  • elle est responsable des aérosols (après un traitement chimique) qui peuvent atteindre les habitations ou les champs voisins.

Méthodes physiques

La lutte physique est l’utilisation des méthodes non chimiques ou biologiques, permettant de perturber la physiologie ou le comportement d’un ennemi de culture par le biais de différents stimuli d’origine physique (mécanique, thermique, électromagnétique, pneumatique), afin de le combattre dans une zone à protéger. Cette méthode inclut la destruction mécanique des bioagresseurs ou des parties de la plante attaquées, des barrières naturelles (haies), l’utilisation du stress thermique (la chaleur ou le froid), des radiations, des pièges et la solarisation pour prévenir l’activité des bioagresseurs.

Le contrôle mécanique comporte l’utilisation des machines ou autres méthodes physiques pour modifier l’environnement des bioagresseurs.

La lutte thermique contre les insectes phytophages ou les agents phytopathogènes (bactérie, champignon) inclut aussi le traitement thermique des semences, la thermothérapie (cas des cellules) ou le brûlage des résidus de cultures qui hébergent les parasites.

La solarisation est une technique de lutte thermique pour lutter contre les parasites qui se développent dans le sol. Elle consiste à placer une bâche de couleur noire sur le sol à traiter. Le plastique permet de concentrer l’énergie solaire, ce qui conduit à la montée de la température du sol et du coup la destruction des nuisibles.

Mesure de régulation des bioagresseurs

Certains problèmes phytosanitaires ne peuvent pas être réglés au niveau local i.e. dans un champ, à l’échelle d’une localité ou même d’un pays. Il s’agit ici des ennemis des cultures qui constituent une menace pour la sécurité alimentaire mondiale, pour la santé publique ou pour l’environnement. C’est généralement des agences de l’Etat ou des organismes internationaux comme la Convention Phytosanitaire Interafricaine de l’Union Africaine (CPI/UA) ou l’Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes (OEPP) qui s’occupent de ces cas. Ces agences sont autorisées à saisir ou détruire toute plante ou partie de plante et même tout organisme qui représentent un risque potentiel pour la population ou aux ressources animales dans et autour d’une zone donnée.

Au Niger c’est la Direction Générale de la Protection des Végétaux (DGPV) qui s’occupe de cette question.

Des mesures de quarantaine ou d’éradication sont prises par les agences des Etats conformément aux lois et règlements en vigueurs.

Mesures de quarantaine

Les mesures de quarantaines sont des mesures appliquées à l’importation de produits végétaux, pour empêcher l’introduction accidentelle d’un nouvel organisme dans une zone, pour éradiquer, limiter l’extension, ainsi que la propagation vers des zones non affectées.

Un organisme de quarantaine est un organisme nuisible qui présente un potentiel risque économique pour la zone menacée. Cet organisme peut ne pas être présent dans cette zone ou bien il est présent mais n’y est pas largement disséminé et il est officiellement contrôler.

Si les frontières sont relativement contrôlées dans certaines parties en Europe, en Amérique ou en Asie, il n’en est pas de même dans beaucoup de pays africains où les frontières demeurent encore poreuses. Dans les pays où les mesures sont présentes, il y a des stations d’inspection et de contrôle dans les endroits majeurs où passent les produits pour récupérer les produits contenant ces organismes. Des agences gouvernementales mènent des inspections dans des aéroports, des ports ou tout autre endroit où transitent les produits. Ces produits peuvent être des : produits maraîchers, parties de plante, microorganisme ou tout autre matériel susceptible de contenir un organisme de quarantaine. Une fois la présence d’organisme de quarantaine détectée, les produits sont systématiquement détruits.

Eradication

C’est l’élimination totale de tout organisme désigné comme organisme de quarantaine dans une zone donnée. En cas de nécessité d’intervention, un périmètre de sécurité est défini et des mesures de contrôle sont prises afin d’éliminer l’organisme. Ces procédures peuvent être la destruction systématique du produits, un large programme de pulvérisation, des lâchés d’insectes stériles, l’application des pratiques culturales et un vaste programme de monitoring dans et autour des frontières de la zone infectées.

Pourquoi pratiquer l’IPM ?

Devons-nous nous tourner vers l’IPM même lorsqu’on obtient des résultats satisfaisants avec la lutte chimique ? Plusieurs raisons le justifient :

(i) Les pesticides peuvent être inefficaces.

L’efficacité des substances chimiques n’est pas toujours garantie et les ravageurs peuvent développer des résistances. En plus, les ravageurs peuvent survire lorsque :

  • le produit n’atteint pas sa cible (mauvaise application du produit) ;
  • il est lavé, en cas de pluie ;
  • il est appliqué avec un matériel inadéquat ;
  • il n’est pas utilisé au moment opportun (période d’activité du ravageur) ou à la bonne dose ;
  • il n’est pas utilisé au stade approprié du cycle biologique du ravageur.

(ii) L’IPM permet d’économiser de l’argent.

Elle permet d’éviter des pertes de rendement causées par les ravageurs ou prévenir une utilisation inutile des pesticides

(iii) L’IPM garantit une meilleure santé publique.

Le respect des normes dans l’utilisation des pesticides permettent réduire les risques inhérents des produits chimiques sur la santé des consommateurs.

(iv) Elle permet de maintenir l’équilibre de l’écosystème et réduire les risques sur l’environnement.

Dans un écosystème donné il y a plusieurs organismes selon un équilibre bien établi. Une atteinte à un organisme se répercute le plus souvent sur tous les maillons de la chaîne. Ainsi, l’utilisation des pesticides chimiques peut contrebalancer cet équilibre en détruisant les espèces bénéfiques (agents de lutte biologique) et favoriser les ravageurs eux-mêmes. L’IPM contribue à la sauvegarde de l’environnement par la réduction de la contamination des eaux, la persistance des pesticides et leurs effets sur les organismes vivants comme les poissons ou les vers de terre.

Perspectives de lutte intégrée dans les pays en développement ?

La lutte intégrée n’est nullement une panacée pour la lutte contre les ennemis des cultures. Toutefois, c’est la meilleure approche pour gérer les nuisibles avec moins de conséquences néfastes sur la vie des hommes et des animaux et sur l’environnement. Pour la bonne marche d’un programme de lutte intégrée, de gros efforts doivent être consentis tant au niveau politique que du côté des agriculteurs mais aussi de toute les structures impliquées dans le processus d’appui conseil. En outre, il est important de développer des approches prenant en compte la participation des tous les acteurs, la négociation et le plaidoyer auprès des décideurs politiques.

Pour une meilleure coordination et une réduction de la fragmentation des efforts qui surgissent lors de l’exécution d’un programme de l’IPM, il est important d’adopter le concept de « système d’innovation de l’Agriculture ou SIA ». Le SIA est un système participatif dans lequel l’agriculture moderne ne peut se maintenir que s’il y a une synergie entre les chercheurs, les agents de vulgarisation, les agriculteurs, les organisations des producteurs (OP), les commerçants, la société civile et toute autre structure impliquée dans le développement de l’Agriculture.

Quelques références citées

Abrol D.P., 2014. Integrated pest management: Current concepts and ecological perspectives. Elsevier.

Dan D., 2000. Insect pest management, 2nd Edition. CABI Bioscience, UK.

Herzfeld D., 2011. Private pesticide applicator safety education manual, 19th ed. University of Minnesota Extension.

Horne P. & Page J., 2008. Integrated pest management for crops and pastures. Landslinks Press.

Peshin R., Jayaratne K.S.U. & Sharma R., 2014. IPM Extension: A global Overview. Chapter 22. In Abrol, D. P. ed. Integrated Pest Management. Elsevier.

Radcliffe E.B., Hutchinson W.D. & Cancelado R.E., 2009. Integrated pest management: Concept, tactics, strategies and case of studies. Cambridge University Press.