Thèse : Rongeurs urbains et invasion biologique dans le sud ouest du Niger

Thèse de Doctorat : Rongeurs urbains et invasion biologique dans le sud ouest du Niger : écologie des communautés et génétique des populations

Thèse de doctorat présentée par GARBA Madougou

Résumé

Les rongeurs sont d’importants ravageurs des cultures et des stocks, et constituent des réservoirs pour de nombreux pathogènes humains. En premier lieu, nous avons cherché à décrire les assemblages d’espèces de rongeurs urbains de la ville de Niamey au Niger, puis de tester le rôle de certains facteurs anthropo-écologiques pouvant expliquer leur abondance. L’identification de deux espèces invasives nous a poussé à étudier les modalités de la bioinvasion de l’une d’elles, i.e. le rat noir Rattus rattus. Nos travaux se sont basés sur des approches alliant campagnes de piégeage et enquêtes sociologiques, taxonomie moléculaire, analyses d’écologie des communautés et de génétique des populations.

Nous avons ainsi montré l’existence de deux groupes écologiques distincts : (i) les espèces « champêtres » (essentiellement Arvicanthis niloticus, Cricetomys gambianus) dans les cultures irriguées et les jachères, et (ii) les espèces « citadines » dans les constructions humaines et leurs environs immédiats (marchés, boutiques, usines, maisons, etc). Ce dernier ensemble est composé d’une espèce native, Mastomys natalensis, largement répandue dans les habitations, ainsi que de deux espèces invasives, la souris domestique Mus musculus qui a envahi un seul quartier de la capitale nigérienne, et le rat noir, Rattus rattus, présent dans plusieurs sites de type industriel et marchand (entrepôts, usines, marchés, etc) et dans quelques très rares habitations. Nos analyses montrent une forte exclusion des espèces natives et invasives, suggérant un processus de remplacement de la première par les secondes. Parmi les déterminants anthropo-écologiques testés, seules les données du micro-habitat (type de matériau de construction) semblent expliquer partiellement l’abondance des rongeurs urbains. Enfin, la perception qu’ont les habitants des nuisances imputables aux rongeurs ainsi que les effets de la lutte traditionnelle (poisons, pièges) et des chats sur les populations de rongeurs sont également explorés.

En élargissant nos prospections à la moyenne vallée du fleuve Niger (environs de Say, Boumba et Gaya) et à Dosso, nous montrons que (i) le sud ouest du pays constitue un front actif de colonisation pour le rat noir, (ii) les populations de R. rattus sont génétiquement isolées les unes des autres, (iii) celles de Niamey ont des origines multiples et (iv) que le trafic routier joue un rôle majeur dans leur dispersion.

Tous ces résultats sont remis en perspective dans le cadre d’une politique de lutte contre les rongeurs commensaux en général, et invasifs en particulier.

Mots clés : bioinvasion, écologie des communautés, génétique des populations, urbanisation, Sahel, Niger, rongeurs nuisibles, Mastomys natalensis, Rattus rattus.

Auteur à contacter : garba_madougou@yahoo.fr
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