Interview de notre compatriote sur Tuta absoluta

Interview accordée à SciDeV par notre compatriote sur Tuta absoluta communément appelée la mineuse de la tomate

Le maraîchage, pratiqué par des petits exploitants, contribue à assurer non seulement l’équilibre alimentaire des populations mais participe également à la réduction de la pauvreté des ménages agricoles. Au Niger, la tomate est la 2ème plus importante culture maraichère après l’oignon. Cependant depuis plusieurs années, on assiste une baisse drastique des rendements de la culture et ce phénomène est dû en partie à une forte pression parasitaire.

Les ravageurs de la tomate au Niger

En plus des ravageurs classiques notamment la noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera), les acriens (Tetranychus spp.) ou la mouche blanche (Bemisia tabaci), un nouvel insecte a fait son apparition au Niger en 2013. Cet insecte s’appelle Tuta absoluta ou chenille mineuse de la tomate. Cette dernière est parmi les insectes qui attirent l’attention de tous les acteurs impliqués dans le maraîchage, notamment les producteurs et leurs organisations, les chercheurs, les ONGs ou le politique. Pour cette raison, notre compatriote M Salifou Aminou a accordé une interview aux journalistes du groupe de presse nommé SciDev (section Afrique Subsaharienne).

Le type de dégâts causés par Tuta absoluta

Dans son allocution le jeune expert a d’abord donné l’historique et l’itinéraire des invasions de Tuta absoluta depuis son origine jusqu’au Niger. La question du type de plantes attaquées et le mode opératoire du ravageur ont également été abordés quand on sait ce papillon à chenille mineuse est un ravageur oligophage des solanacées (tomate, pomme de terre, l’aubergine, le poivron). Il a donné aussi sa version des faits sur la nature des dégâts de la chenille ainsi que la différence entre les dégâts causés par Tuta absoluta et ceux des autres ravageurs notamment la noctuelle de la tomate.

Problématique dans la lutte contre Tuta absoluta au Niger

Il ressort clairement de cette interview que l’arsenal nigérien pour combattre Tuta absoluta est très limité et beaucoup d’efforts doivent être consentis par les autorités nigériennes afin de combattre efficacement ce redoutable ravageur qui menace la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Cependant, l’expert a beaucoup insisté sur la nécessité d’utilisation des méthodes de lutte intégrée respectueuses de la santé humaine et de l’environnement.

Puceron du niébé au Niger

Scope sur le puceron du niébé

Le puceron du niébé est un petit insecte à corps mou, ovale et légèrement aplati qu’on trouve sur la culture du niébé au Niger. Cet insecte de la taille d’un pou (2 mm de long) est de couleur brune à noire. L’adulte possède ou pas des ailes.

Au Niger, le nom attribué à ce ravageur est commun à toutes les espèces de pucerons et aucune spéciation n’a encore été faite dans les différentes langues nationales. Cependant, ce nom diffère souvent d’une région à l’autre. En Hausa les pucerons sont appelés Darɓa (Région de Maradi et Zinder) ou Ɗan ƙôno (région de Dosso).

La capacité de multiplication de ce puceron est effroyable. Une femelle peut pondre plus 120 individus au cours de sa vie qui dure moins de deux semaines.

Comme pour tous les pucerons, les dégâts sont causés au cours de la succion de la sève. Sur le niébé, les attaques ont lieu surtout aux niveau des jeunes tiges et feuilles, des fleurs et des fruits. A. craccivora affecte aussi le rendement de la culture en lui transmet des maladies virales.

La lutte contre ce puceron est très complexe. Celle-ci doit surtout se baser sur des mesures préventives, respectueuses de l’environnement.

La chenille mangeuse de graines du niébé

Le ver du cotonnier (Spodoptera littoralis Boisduval) : une chenille mangeuse de graines fraîches du niébé

Le ver du cotonnier ou cotton leafworm en anglais est un lépidoptère (papillon) d’environ 2 cm de long qui attaque plusieurs cultures au Niger. Son cycle biologique est très court et de nouveaux individus peuvent apparaître en moins de 3 semaines. Sur le niébé, ce sont les larves qui causent les dégâts en s’attaquant aux gousses en particulier les graines fraîches. Les attaques ont lieux exclusivement pendant la nuit.

Le ver du cotonnier est un insecte qui s’est parfaitement adapté aux conditions climatiques nigériennes. Il est présent durant toute l’année (surtout pendant les périodes chaudes) sur toute l’étendue du territoire et il peut s’attaquer à beaucoup de cultures d’importance alimentaire et économique.

Focus sur le ver du cotonnier

La durée de vie des différents stades de développement du ver du cotonnier varie en fonction des conditions climatiques et dans tous les cas, elle est plus courte lorsque les températures sont élevées. A 36° C, les stades œuf, larvaire et pupal durent respectivement 2, 10 et 8 jours. Le cycle de vie de l’insecte dure entre 20 à 144 jours. Il peut y avoir jusqu’à 3 à 10 générations par an.

La larve et l’adulte ont une activité essentiellement nocturne. Pendant la journée, la larve utilise une stratégie subtile qui lui permet de passer sous le radar de l’homme et des prédateurs. Au lever du soleil, elle quitte les parties aériennes pour se cacher dans le sol.

Dans le cas des observations que nous avons faites sur le niébé au Niger, les larves entrent en activité la nuit à partir de 21 heure (9 PM) et disparaissent au lever du soleil (5 AM).

La lutte contre le ver du cotonnier est très complexe à cause de son comportement (activité nocturne et grande diversité de plantes hôtes), de sa forte capacité de multiplication ou de son adaptabilité aux conditions climatiques nigériennes.

Alerte Du fipronil présent au Niger

Scope

Le fipronil est un pesticide à large spectre utilisé pour combattre les insectes et les acariens. Il agit sur l’insecte en perturbant son système nerveux en bloquant les canaux chlorures dépendant du GABA (acide gamma-aminobutyrique en français) et du Glutamate qui régulent le passage des ions chlorures dans la cellule. Ceci provoque une hyperexcitation des systèmes nerveux et musculaire de l’insecte intoxiqué qui meurt par crampes musculaires.

L’usage du fipronil sur les cultures et les animaux destinés à l’alimentation est interdit ou limité dans beaucoup de pays dans le monde notamment ceux de la zone CILSS (Comité permanent Inter-Etats de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel) et de l’Union Européenne. Malgré l’interdiction du fipronil depuis avril 2015 par le CSP (Comité Sahélien des Pesticides) à cause de sa toxicité, les pesticides contenant cette substance continuent de circuler sur le sol nigérien.

Qu’est-ce que le fipronil?

Le fipronil (C12H4Cl2F6N4OS) est une matière active qui appartient à la famille des Phénylpyrazoles. Il tue les insectes qui le mange ou qui entre en contact avec lui. Cette substance agit par contact ou ingestion sur les insectes et les acariens ravageurs des cultures et sur les parasites des animaux de compagnies (chiens et des chats).

Le fipronil a été mis au point par la société Rhône Poulenc à la fin des années 1980 mais sa commercialisation a commencé à partir de 1993. Aujourd’hui c’est le géant allemand de la chimie BASF qui détient le brevet pour la commercialisation du produit en Europe.

Utilisation dans d’autres pays du monde

Le fipronil est utilisée pour combattre les insectes et les acariens en agriculture, élevage, dans le traitement des semences et du sol ainsi que pour utilisation domestique.

En agriculture, il est utilisé pour combattre les criquets, les thrips, les lépidoptères et les coléoptères. Il est aussi appliqué pour les traitements des semences et du sol (contre les termites). Le fipronil est également utilisé dans le domaine vétérinaire dans de nombreux produits antiparasitaires pour les animaux (anti-puces et anti-tiques pour chiens et chats) et pour usage domestique contre les termites, les fourmis et les cafards. Les pesticides contenant la matière active fipronil continuent d’être commercialisés sous plusieurs noms dans plusieurs pays dans le monde.

Accusé de provoquer la mortalité des abeille, les organisme aquatiques comme les poissons et certains oiseaux, l’usage du fipronil est limité ou interdit sur les cultures et les animaux destinés à l’alimentation humaine dans beaucoup de pays notamment ceux de la zone CILSS (Décision n° 006/MAE-MC/2015) et de l’Union européenne dont la France (depuis 2005). Toutefois, il reste autorisé pour usage limité dans des pays comme la Belgique et les Pays-Bas, ainsi que de nombreux autres pays dans le monde, dont les Etats-Unis pour usages vétérinaires ou comme insecticide dans le traitement des semences.

Malgré les restrictions, ce produit reste utilisé dans certains pays pour lutter contre le pou rouge dans les élevages de la volaille. C’est ce qui est à la base de la récente crise des œufs contaminés qui est apparue en Europe en août 2017.

Le fipronil est-il présent au Niger ?

Avant son interdiction dans les pays de la zone CILSS (le Niger compris), le fipronil est principalement utilisé dans lutte anti acridienne. Malgré l’interdiction par le CSP, les produits contenant cette matière active continus d’être utilisés au Niger. Ainsi, le fipronil est commercialisé sous la marque Fipro Force®, fabriquée par une société nigériane (République Fédérale du Nigéria) du nom de JUBAILI AGROTECH.

Cette société présente le pesticide comme un produit miracle capable de tuer tous les insectes. Ainsi selon les prescriptions sur l’étiquette, le produit peut être utilisé contre presque tous les insectes ravageurs des cultures maraichères (tomate, oignon, choux, …), des cultures pluviales (mil, sorgho, maïs, coton, riz, …), en arboriculture (agrumes, café, …) et pour le traitement du sol contre les termites.

Doit-on s’inquiéter de la présence du fipronil dans nos aliments ?

L’OMS classe le fipronil parmi les pesticides modérément dangereux pour l’homme. Il n’a pas d’effet cancérogène prouvé, mais le produit peut provoquer, à des doses élevées, des troubles neurologiques et des vomissements, surtout en cas d’ingestion volontaire. Ainsi, une exposition à une dose très faible ne devrait pas être nocive. En dehors de ces cas, les effets produits ne surviennent qu’en cas d’exposition répétée, ce qui est normal. Dans tous les cas, les effets ne durent pas longtemps parce que la substance est rapidement éliminée donc elle ne s’accumule pas au fil du temps dans l’organisme humain. En outre, les effets du fipronil sont généralement transitoires c’est-à-dire réversibles.

Ainsi, il n’y pas d’éléments indiquant que l’exposition au fipronil constituait un risque pour la santé humaine dans les conditions préconisées d’emploi. L’union européenne estime qu’il n’y a aucun risque pour le consommateur qui ingère moins de 0,009 mg/kg au cours d’un repas ou d’une journée. Cela équivaut à 0,54 mg pour une personne pesant 60 kg, soit environ huit des œufs présentant la plus forte concentration (< 1,2 mg/kg).

Dans le cas de la crise des œufs contaminés, le risque d’empoisonnement est très faible, au vu des concentrations retrouvées dans les œufs. De ce fait, le retrait des œufs des marchés n’est qu’un principe de précaution destiné à rassurer les consommateurs sur la sureté de leur alimentation plutôt que pour protéger leur santé.

Questions à se poser sur l’interdiction du fipronil

(i) Le produit est-il vraiment toxique quand on l’utilise à faible dose dans les conditions recommandées ?

(ii) Les données toxicologiques fournies par CSP sont-elles suffisantes pour interdire le produit surtout quand on sait que le fipronil se dégrade rapidement et il ne s’accumule ni dans l’organisme humain ni dans les eaux souterraines et encore moins dans le sol ?

(iii) L’une des questions qui méritait encore d’être posée, c’est pourquoi le CSP a interdit toute utilisation de ce produit dans les Etats membres du CILSS alors que l’usage de la substance n’est que limité dans certains pays y compris ceux de l’UE et aux USA ?

(iv) La gamme de produits de substitution dont parlait le CSP est-elle suffisante et uniformément bien répartie dans les Etats membres ? Difficile à répondre dans les conditions nigériennes.

Il faut noter que les produits alternatifs mentionnés dans l’Annexe à la décision d’interdiction du fipronil par le CILSS sont pour la plupart des organophosphorés et des pyréthrinoïdes, des substances qui sont utilisées depuis longtemps et les insectes en ont développés des résistances.

Simple avis, à vous de juger…

Rédigé par Salifou Aminou, CSAN Niger/Bioengineering and Agri-Business Consulting

Traitement pesticides sur la culture de choux à Niamey

Classification des insecticides et acaricides selon le mode d’action

Traitement pesticides sur la culture de choux à NiameyClassification des insecticides et acaricides selon le mode d’action

Depuis plusieurs décennies, le besoin de contrôler efficacement les ennemis des cultures dans les domaines de l’agriculture, l’élevage et médical a occasionné une utilisation excessive des pesticides chimiques. Ces produits sont utilisés pour réduire les populations des nuisibles qui ravagent les cultures ou leur transmettent des maladies. Malheureusement, ces produits toxiques présentent des risques inhérents pour la santé de l’homme, des animaux et pour l’environnement. A cela s’ajoute le problème de résistance développé par les insectes vis-à-vis des substances toxiques. La résistance aux pesticides intervient lorsque qu’une population de nuisibles réduit sa sensibilité ou cesse carrément de répondre suite à une application d’un produit censé la détruire.

Il existe plusieurs types de résistance et le développement de celles-ci au champ est influencé par plusieurs facteurs qui peuvent être biologiques, génétiques ou opérationnels. Il existe de nos jours plusieurs moyens de gérer efficacement la résistance. Parmi eux figurent l’alternance, l’association ou la réduction de la fréquence d’application des matières actives de mode d’action différents mais complémentaires.

Ce guide a pour objet d’expliquer les différents modes d’action des insecticides et acaricides selon la classification de l’Insecticide Resistance Action Committee (IRAC).

Selon la classification de l’IRAC, il existe dans la nature, au moins 30 modes d’action connus des insecticides et des acaricides. Ce document qui comporte les différents groupes de pesticides ainsi que leurs modes d’action, s’inscrit dans la logique de la gestion rationnelle de la résistance aux insecticides. C’est un outil de prise de décision pour les professionnels dans le choix des pesticides en fonction des différents modes d’action.
Rédigé par Salifou Aminou, CSAN Niger/Bioengineering and Agri-Business Consulting

Alerte : Tuta absoluta sur pomme de terre au Niger

Alerte : La Mineuse de la Tomate (Tuta absoluta), Chronique d’une Catastrophe qui Menace la Sécurité Alimentaire au Niger

Originaire d’Amérique Latine, la mineuse de la tomate (Tuta absoluta Meyrick) est apparue au Niger depuis 2012 mais sa présence n’a été publiquement signalée qu’en février 2013 à Bourbourakabé (à 12 km au nord de Niamey). Depuis lors, une équipe constituée d’agents de la protection des cultures a entamé le suivi des populations de l’insecte. Les résultats de ce suivi ont montré que ce lépidoptère à chenilles mineuses s’est rapidement propagé dans tous le pays. Après quatre ans d’observation, l’impact de ce nouveau ravageur est devenu trop inquiétant compte tenu, d’une part de sa présence sur presque toute l’étendue du territoire (« sauf peut-être » la région de Diffa) et d’autre part parce qu’il s’attaque à d’autres plantes d’importance économique (notamment la pomme de terre) dans les plus grandes bassins de productions du Niger.

Normalement la chenille a une préférence pour la tomate c’est-à-dire qu’elle ne peut causer des dommages importants sur les autres solanacées qu’en l’absence de son hôte préféré. Malheureusement de nos jours, il s’est avéré que cet insecte peut attaquer et causer des dégâts importants sur la pomme de terre, même en présence de la tomate.